Trois pistes sont privilégiées dans l'enquête sur l'assassinat en Ukraine d'un juge et de trois membres de sa famille décapités, une affaire rocambolesque suivie personnellement par le président Viktor Ianoukovitch, a annoncé dimanche le procureur général.

Un membre de la famille avait alerté la police samedi après avoir découvert dans un appartement de son immeuble à Kharkiv les corps décapités du juge Vladimir Trofimov, 58 ans, de son épouse Irina, 59 ans, leur fils Sergueï, 30 ans, et la compagne de celui-ci, Marina Zoueva, 29 ans.

Le quadruple assassinat a été minutieusement préparé, a déclaré le procureur général d'Ukraine, Viktor Pchonka, lors d'une conférence de presse à Kharkiv.

«Trois pistes sont privilégiées: un homicide lié aux activités professionnelles du juge, un homicide en vue de s'emparer des biens de ce collectionneur d'antiquités et un homicide commandité», a-t-il déclaré.

Mais les enquêteurs n'excluent pas d'autres versions, a observé M. Pchonka

Selon les premiers éléments de l'enquête, les faits ont été commis samedi en pleine journée, entre 8 h 30 et 10 h 00. Des témoins ont vu le juge sortir de chez lui puis revenir dans son appartement au cours de cette période, a précisé le procureur.

«Des éléments de preuves indirects permettent de conclure que les crimes auraient été commis par au moins deux personnes», a-t-il ajouté.

Vladimir Trofimov, juge pendant plus de 30 ans, était aussi l'un des principaux numismates d'Ukraine, «connu au-delà du pays» pour cette passion, a indiqué le procureur.

L'enquête est sous le contrôle personnel du président Ianoukovitch, a-t-il observé.

Trente-quatre enquêteurs et plusieurs experts ont été mobilisés pour élucider cette affaire, a déclaré de son côté le ministre ukrainien de l'Intérieur, Vitaliï Zakhartchenko.

Les victimes gisaient dans l'appartement, mais leurs têtes n'y étaient pas, et elles n'ont toujours pas été retrouvées, a-t-il dit.

Selon les premiers éléments de l'enquête, le fils du juge a été décapité vivant, tandis que les trois autres ont été décapités après avoir été tués, a détaillé le ministre.

Des traces de blessures ont été constatées sur les corps des victimes, a-t-il ajouté.

«Les éléments fournis par les médecins légistes au cours d'une réunion aujourd'hui ne sont pas suffisants pour que nous les rendions publics en Ukraine», a ajouté le ministre.

«Nous leur avons posé des questions supplémentaires et lorsqu'ils auront répondu à toutes les interrogations, nous pourrons en parler», a-t-il dit.

Une trentaine d'expertises médico-légales ont été ordonnées au total.

Le juge Trofimov n'était pas seulement un collectionneur de pièces de monnaie, mais aussi de médailles de la Deuxième guerre mondiale et de statuettes en porcelaine.

«Nous avons déjà des informations préliminaires selon lesquelles des objets ont disparu», a indiqué le ministre.

Le chef des services de sécurité ukrainiens (SBU), Igor Kalinine, a indiqué pour sa part qu'un groupe de spécialistes de la police et du SBU participaient aux investigations.

Les enquêteurs ont saisi le registre de collection de M. Trofimov et ont l'intention d'auditionner en qualité de témoins des collectionneurs qui connaissaient la victime, a indiqué M. Zakhartchenko.

Le juge Trifomov était «une personne très discrète, paisible, sans prétention», a déclaré pour sa part le président de la cour d'appel de Kharkiv, Andreï Solokov, selon l'agence Interfax.

«À la tragédie s'ajoute encore le fait que ses parents sont vivants, le père étant âgé de 90 ans et la mère de 86 ans», a observé M. Solokov.