Les partisans du projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels, qui sera débattu au Parlement fin janvier, sont descendus par dizaines de milliers dimanche après-midi dans la rue à Paris pour une grande «manifestation pour l'égalité».

Parents derrière les poussettes, enfants avec des ballons de toutes les couleurs, élus flanqués de l'écharpe tricolore et responsables politiques ont pris place dans le joyeux cortège qui a débuté Place de la Bastille, et rassemblant, selon les organisateurs, plus de 100 000 personnes.

«Célibataires, hétéros mais solidaires», «l'égalité des droits n'est pas une menace!», «le droit pour tous d'avoir le choix», pouvait-on lire sur les pancartes.

Plusieurs milliers de partisans du projet de loi avaient déjà défilé samedi dans les grandes villes de province.

Derrière cette mobilisation, véritable test, deux objectifs: pousser la majorité de gauche à tenir ses engagements et répondre aux «anti», qui ont donné de la voix et accaparé le devant de la scène ces dernières semaines.

En novembre, plus de 100 000 personnes, dont 70 000 à Paris, selon des chiffres officiels, avaient défilé contre cette réforme. Une nouvelle mobilisation nationale est prévue le 13 janvier, à laquelle devraient se joindre des personnalités de droite.

Cette levée de boucliers contre le projet de loi a réveillé une partie de la gauche et des associations.

La ministre chargée de la Famille, Dominique Bertinotti, a fustigé, dans une interview au Journal du Dimanche, «ceux qui sont contre toute évolution» : «ce sont les mêmes qui étaient contre le divorce, contre la contraception, contre l'interruption volontaire de grossesse...»

Selon un sondage IFOP pour le JDD, une large majorité de Français (60%) est favorable à l'ouverture du mariage aux couples homosexuels, mais les partisans de l'adoption sont en minorité (46%).

«Je pense que le mariage c'est bon pour tout le monde», déclare Arthur, dix ans et demi, venu d'un village près d'Auxerre avec sa soeur Lola, huit et ans et demi, et leurs deux mamans.

L'une d'elles, Christelle, s'inquiète d'une résurgence de l'homophobie depuis le lancement du débat sur le mariage «pour tous». «Pour la première fois, nos enfants ont été confrontés à des propos homophobes qui les ont choqués. Dans notre campagne tout se passait bien, pourtant. On a toujours été acceptés», observe-t-elle en soulignant que tout cela lui donne «des envies plus fortes de se battre pour le mariage homosexuel».

«Certains propos dépassent les bornes», s'indigne Odile Journy venue «pour que je puisse adopter ma fille Juliette née grâce à une PMA (procréation médicalement assistée) en Belgique».

«Hétéro et catho», Danielle Dussaussois, élue de droite en région parisienne, se dit «attristée que mon parti reste aussi frileux alors que la société évolue».

Les associations veulent aussi faire pression pour faire évoluer le projet de loi qui ne prévoit pas l'ouverture de la PMA aux couples de femmes.

Sur ce point, le gouvernement a cependant évolué et affirme maintenant qu'il ne s'opposerait pas au vote d'un amendement en ce sens par le Parlement comme le souhaitent de nombreux députés de gauche.

«La gauche ne doit pas avoir la main tremblante quand il s'agit d'avancer vers une société plus juste», souligne le député écologiste Noël Mamère.