La coalition de centre gauche au pouvoir en Roumanie a remporté une très large victoire aux élections législatives dimanche, portant un sévère coup à son ennemi juré, le président Traian Basescu.

L'Union sociale-libérale (USL) du Premier ministre Victor Ponta, au pouvoir depuis mai, a obtenu environ 57% des voix, selon un sondage sortie des urnes diffusé par la télévision nationale.

Elle devance l'opposition de centre droit proche de M. Basescu, qui obtient 19% des voix, selon ce sondage réalisé par l'institut CURS.

«Il s'agit d'une victoire contre le régime de Traian Basescu», a lancé le co-président de l'USL, Crin Antonescu, au siège de campagne du parti.

Deux autres sondages sortie des urnes ont confirmé ce score sans précédent depuis les premières élections dans la Roumanie post-communiste, en 1990.

Suite à la redistribution des voix, l'USL, qui regroupe les sociaux-démocrates de M. Ponta, les libéraux et les conservateurs, pourrait disposer d'une majorité des deux tiers au Parlement.

«Comme j'ai promis aux Roumains pendant la campagne électorale, j'assume la responsabilité de continuer à diriger le gouvernement de l'USL», a lancé M. Ponta à ses sympathisants réunis devant son siège de campagne de Targu Jiu (sud-ouest).

«L'orientation du gouvernement que je vais diriger ne saura être que pro-européenne et pro-atlantiste. Nous sommes membres de l'Union européenne (UE) et de l'Otan et notre avenir est à l'intérieur de la famille européenne», a souligné M. Ponta.

La Roumanie est le plus jeune Etat membre de l'UE avec la Bulgarie, avec une intégration en 2007.

Le Premier ministre s'était attiré les vives critiques de Bruxelles et des Etats-Unis lors de la tentative de destitution de M. Basescu cet été, tandis que ce dernier l'a accusé de tenir un double discours à l'égard des valeurs européennes.

M. Ponta a par ailleurs appelé la classe politique et le président à «comprendre que la Roumanie a besoin de paix, d'une période de reconstruction».

«Il faut surmonter la lutte politique, la haine et la vengeance», a-t-il déclaré.

La reconduction de M. Ponta au poste de Premier ministre n'est toutefois pas gagnée, dès lors que M. Basescu, dont le mandat court jusqu'en 2014, a laissé entendre qu'il désignerait une personne de son propre choix.

Un refus de nommer M. Ponta, qui serait un «abus de pouvoir» selon certains analystes, risque de valoir au chef de l'Etat une nouvelle tentative de débarquement.

«Les partenaires internationaux de la Roumanie attendent que les acteurs politiques roumains respectent la volonté de l'électorat», a souligné le ministre des Affaires étrangères Titus Corlatean.

Le président Basescu n'avait pas réagi dimanche. Il sera à Oslo lundi pour assister à la remise du Prix Nobel de la paix à l'UE.

Une nouvelle crise politique est la dernière chose dont aurait besoin la Roumanie, deuxième pays le plus pauvre de l'UE, qui peine à renouer avec une croissance durable, avertissent investisseurs et analystes économiques.

L'USL surfe sur une vague de mécontentement contre la sévère cure d'austérité imposée en 2010 par le gouvernement de centre droit, avec des coupes de 25% des salaires du secteur public.

«J'ai voté pour l'USL car je crois que la Roumanie a besoin d'un changement (après les quatre ans de pouvoir de la droite). Plus que les mesures d'austérité, ce qui m'a choqué, c'est que le gouvernement de centre droit a fait preuve de trop de malhonnêteté», explique à l'AFP Mihai, un gendarme d'une trentaine d'années qui préfère taire son nom de famille.

«Il est temps que la classe politique change. J'ai été déçu par ceux qui étaient au pouvoir jusque récemment, c'est pourquoi j'ai mobilisé toute ma famille pour mettre fin aux vols et à l'amateurisme dans ce pays», a déclaré Florentin Kovacs, un ingénieur quadragénaire de Timisoara (ouest).

Costel Bivol, 54 ans, qui vend au marché les pommes de sa petite exploitation, a choisi l'ARD. «On ne peut pas leur reprocher les mesures d'austérité. La crise était là, il fallait faire quelque chose. Ils ont des gens mieux préparés pour gérer le pays», dit-il.

Le Parti du peuple Dan Diaconescu (PPDD), une formation populiste fondée en 2011 par un sulfureux patron de télévision renvoyé en justice pour chantage, est quant à lui arrivé en troisième position avec environ 13% des voix.

M. Diaconescu, candidat à un siège de député dans le fief de M. Ponta, à Targu Jiu, semble avoir été largement battu par ce dernier, selon des informations de presse.

Les premiers résultats partiels seront publiés lundi matin.