Le Premier ministre albanais Sali Berisha a prôné mardi l'octroi de la nationalité albanaise «à tous les Albanais partout où ils vivent», une déclaration qui risque de raviver les craintes de voisins des Balkans quant à un projet de «Grande Albanie».

«Je tiens à informer les Albanais que le gouvernement va préparer une loi prévoyant l'octroi de la nationalité albanaise à tous les Albanais où qu'ils vivent», a déclaré M.Berisha, lors d'une réunion de son gouvernement à Vlora (sud), où l'indépendance de l'Albanie de l'Empire ottoman a été proclamée il y a cent ans.

«Tous les Albanais qui veulent obtenir la nationalité albanaise, l'auront», a-t-il assuré.

«Eparpillés dans différents États, les Albanais se considèrent comme frères par leurs gènes, frères dans la culture et frères dans leur identité, tous unis dans leur rêve européen», a déclaré M. Berisha.

Selon lui, les Albanais sont en butte à «une albanophobie» et cela disparaîtra seulement à travers le processus d'unification des Albanais». «Tous unis au sein de l'Europe», a-t-il lancé.

Déjà lors d'une manifestation fin novembre à Skopje, en Macédoine, M. Berisha et son homologue du Kosovo Hashim Thaçi avaient promis l'union de tous les Albanais «dans les frontières de l'UE», tout en prenant soin de rejeter les inquiétudes quant à des prétentions territoriales envers des régions de pays voisins où ils sont majoritaires (ndlr, Macédoine, Monténégro, Serbie et Grèce).

Récemment, lors de festivités à l'occasion du centième anniversaire de l'indépendance de l'Albanie, M. Berisha s'était adressé «aux Albanais de tous les territoires albanais, de Preveza (ndlr, en Grèce), au Presevo (ndlr, en Serbie) et de Skopje (capitale de la Macédoine) à Podgorica», capitale du Monténégro.

Au Kosovo voisin - qui a proclamé en 2008 son indépendance de la Serbie avec l'appui des États-Unis et d'une majorité des pays membres de l'Union européenne -, l'écrasante majorité des 1,8 million d'habitants, sont d'origine albanaise.

Ces déclarations ont suscité de vives réactions notamment à Athènes et Skopje.

Une porte-parole de M. Berisha, avait souligné que les propos du chef du gouvernement albanais «faisaient référence au contexte historique d'il y a cent ans» et assuré qu'ils «n'exprimaient aucune revendication territoriale envers les voisins du sud, du nord ou de l'est» de l'Albanie.