Un homme converti à l'islam et son ex-compagne ont été interpellés mardi en France dans l'enquête sur les complicités dont pourrait avoir bénéficié Mohamed Merah, cet islamiste radical qui avait tué en mars au nom du djihad sept personnes, dont quatre juifs.

Tous deux âgés de 38 ans, ils ont été interpellés sans heurts sur leur lieu de résidence respectif, à Albi et à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, ont indiqué des sources policières.

Ils ont été rapidement mis en garde à vue. La femme, interpellée aux Izards, le quartier de Toulouse où habitait Mohamed Merah, était entendue à l'hôtel de police de cette ville. L'homme, décrit comme un gitan sédentarisé connu de la justice pour des faits de droit commun et converti à l'islam, l'était en un lieu qui n'a pas été établi exactement.

L'homme interpellé est «susceptible d'avoir apporté une aide à Merah dans la commission des faits», a dit l'une des sources, sans préciser la nature de cette aide. Son ancienne compagne pourrait avoir su et n'avoir rien dit.

Des sources proches des investigations ont mis en garde contre la conclusion hâtive que l'interpellé pourrait être le fameux «troisième homme» dont il est question depuis le début de l'enquête. Ce «troisième homme» aurait été présent dans la même voiture que Mohamed Merah et son frère Abdelkader au moment du vol du scooter qui a servi pour commettre les crimes.

Différentes sources ayant accès au dossier ont affirmé que le «troisième homme», activement recherché, avait disparu.

Mais les enquêteurs, qui s'emploient depuis le début à savoir si Mohamed Merah a agi seul ou s'il a eu des complices, cherchent aussi à savoir comment l'assassin, qui n'avait que de maigres revenus officiels, se finançait ou comment il s'est procuré son arsenal.

L'une des sources interrogées par l'AFP a reconnu que si l'homme interpellé mardi a été placé en garde à vue, c'est qu'il y a des éléments dans le dossier. Elle disait son espoir de voir progresser les investigations au cours des 96 heures potentielles de garde à vue.

«Loup solitaire»?

Mohamed Merah, ancien petit délinquant des quartiers populaires de Toulouse, a assassiné froidement trois parachutistes, puis trois enfants et un enseignant juifs entre le 11 et le 19 mars à Toulouse et à Montauban, autre ville du sud-ouest. Cerné par la police, il a été abattu le 22 mars au cours d'un échange de tirs.

Seul son frère Abdelkader a été mis en examen et écroué pour complicité. Depuis le début, les enquêteurs cherchent à savoir si Mohamed Merah a agi seul ou s'il a eu des complices. Abdelkader Merah a mis les enquêteurs sur la piste d'un «troisième homme» présent, avec lui et Mohamed, lors du vol du scooter. Mais il a refusé de donner le nom de cet «ami d'enfance».

Abdelghani Merah, un autre frère qui a, lui, vivement dénoncé les crimes de Mohamed, a parlé du «troisième homme» comme d'un membre de la communauté des «gens du voyage».

Plusieurs avocats de parties civiles doutent que Mohamed Merah ait été le «loup solitaire» décrit par Bernard Squarcini, alors patron du renseignement intérieur.

Parmi les autres axes de l'enquête figurent la recherche des financements de Mohamed Merah et de la provenance de ses armes. Avant de mourir, Merah avait proclamé s'être financé grâce à des vols à main armée.

IMAGE: ARCHIVES AP/FRANCE 2

Mohamed Merah, 23 ans, a assassiné dans le sud-ouest de la France trois militaires les 11 et 15 mars, puis trois enfants et un père de famille dans une école juive le 19 mars. Le jeune djihadiste français est mort à la suite du siège de son appartement, le 22 mars.