Le chef du Parti démocrate en Italie, Pier Luigi Bersani est arrivé en tête aux primaires organisées dimanche pour choisir le futur candidat Premier ministre du centre-gauche, devançant son jeune rival Matteo Renzi, selon les résultats de plus de 40% des bureaux de vote.

M. Bersani a obtenu 44,3% des suffrages contre 36,3%, a annoncé le comité organisateur du scrutin, après le dépouillement des bulletins de 3932 des 9232 bureaux de vote. En troisième position, on trouve Nichi Vendola, président de la région des Pouilles et candidat d'une petite formation d'extrême-gauche avec 15,1%.

Les primaires étaient organisées pour choisir le candidat du centre-gauche aux législatives du printemps 2013.

M. Bersani n'ayant pas la majorité absolue, un deuxième tour aura lieu dimanche prochain pour départager le patron du PD et le maire de Florence. Avec la forte affluence, «nous avons vraiment fait un cadeau au pays qui a besoin de reprendre confiance», a-t-il dit, en promettant de continuer à parler dans la semaine à venir, des moyens de sortir l'Italie de la récession où elle est plongée depuis décembre dernier.

Les grands partis s'étaient fortement alarmés du taux d'abstention record de 52% aux régionales de Sicile fin octobre, signe de désaffection de l'électorat pour la politique.

Avec son ton un peu paternaliste, M. Bersani a salué la performance de son rival, «protagoniste de cette bataille à laquelle il a apporté de la vivacité».

«Bersani peut l'emporter, mais Renzi n'a pas perdu», a commenté l'éditorialiste politique du journal Sole 24 Ore, Stefano Folli, tout en prévoyant de «larges» reports des voix de Vendola sur Bersani.

M. Renzi, étoile montante du PD, s'était lancé dans la course aux primaires en jurant de «mettre à la casse» la vieille classe dirigeante du PD.

Devant ses partisans, M. Renzi a promis «de lutter à fond, mais loyalement pour vaincre Bersani». «On disait que nous prenions des voix à droite, nous avons gagné dans des villes +rouges+ (anciens fiefs communistes, ndlr) de Toscane, en Ombrie et même en Emilie Romagne», a-t-il lancé.

M. Vendola n'a pas donné de consignes de vote pour dimanche prochain, mais «écoutera soigneusement les déclarations de Bersani et Renzi en fonction desquelles sa formation orientera son soutien». Il s'est félicité de son propre score alors qu'il a dû «mener en quatre semaines une bataille contre deux géants», l'un soutenu par le PD, l'autre par «une bulle médiatique».

Le scrutin marqué par une forte affluence a continué au-delà de l'heure de fermeture (19H00 GMT). Selon des sources du PD, la participation devrait s'établir à entre 3 et 3,5 millions de votants.

Pour voter dimanche, il fallait s'enregistrer comme électeur de gauche en signant une sorte de profession de foi et verser deux euros. Le manifeste des «progressistes» appelle à «changer l'Italie» dans le respect de valeurs comme «la solidarité», «le travail» et «la reconnaissance du mérite».

Cinq candidats du PD et de petites formations étaient en lice pour peut-être succéder au technocrate Mario Monti à la tête du gouvernement l'an prochain, puisque le PD est le premier parti italien avec près de 30% des intentions de vote.

L'ex-commissaire européen Monti dirige l'Italie depuis la chute de Berlusconi en novembre 2011 en pleine tourmente sur la zone euro.

M. Bersani, 61 ans, est un homme d'appareil aux idées sociales-démocrates qui a été deux fois ministre tandis que son jeune outsider (37 ans), Matteo Renzi, admirateur de Barack Obama, n'a eu que des postes d'élu local. Pour les politologues, M. Bersani incarne «l'âme identitaire de la gauche» alors que M. Renzi a «une image plus transversale».

Pour Stefano Folli, Renzi est désormais «le leader de la frange modernisatrice du PD, et c'est lui qui se fera l'interprète s'il en est capable de son instinct libéral. Il voulait être le petit Tony Blair italien et en un sens il y est parvenu».

Les deux derniers concurrents ont obtenu des pourcentages minimes avec 2,9% pour Laura Puppato, seule femme en lice et chef des députés PD de Vénétie et 1,2% pour Bruno Tabacci, 66 ans, un démocrate-chrétien pro-Monti.

Les primaires à gauche avaient été expérimentées pour la première fois en octobre 2005 quand le professeur d'économie Romano Prodi avait été élu leader de l'Union, alliance instable entre ex-communistes, écologistes et centristes, lors d'un vote de plus de 4,3 millions d'Italiens.