Le principal parti d'opposition de droite en France, l'UMP, qui avait permis en 2007 l'élection de Nicolas Sarkozy, est menacé d'éclater à la suite d'une violente guerre des chefs, malgré l'implication en coulisse de M. Sarkozy, en retrait de la vie publique.

L'ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy, François Fillon, a annoncé qu'il allait porter devant la justice ordinaire sa rivalité avec l'ambitieux Jean-François Copé pour la présidence de l'Union pour un mouvement populaire (UMP).

Il s'agirait d'un fait sans précédent dans la vie politique française. En 2008, l'ex-candidate à l'Elysée, Ségolène Royal, n'était pas allée au bout de cette menace quand elle revendiquait la direction du Parti socialiste face à Martine Aubry.

Dans un communiqué, M. Fillon, 58 ans, accuse son rival, 48 ans, «de porter «seul désormais la responsabilité d'un échec qui touche notre parti et compromet, au-delà, l'image de l'action politique».

Il y a encore dix jours, MM. Fillon et Copé évitaient soigneusement les attaques frontales en tentant de mener une campagne courtoise pour la présidence d'un parti en mal de chef depuis le retrait de Nicolas Sarkozy après sa défaite en mai face à François Hollande.

Leur souci était le «rassemblement» au lendemain de la consultation des quelque 300 000 adhérents appelés aux urnes.

Mais le scénario a dérapé, sur fond de résultats hyper-serrés, d'accusation de fraudes réciproques et de fractures politiques profondes.

Partisan d'une «droite décomplexée», M. Copé a été proclamé lundi soir vainqueur par la marge infime de 50,03% (98 voix d'avance sur plus de 174 000 votants).

M. Fillon a contesté ce résultat, parce que la commission d'organisation du scrutin avait oublié de compter des bulletins des Départements d'Outre-mer.

«Je saisirai la justice pour rétablir la vérité des résultats et rendre la parole aux militants», a annoncé dimanche soir François Fillon.

Jean-François Copé s'en remet pour sa part à une commission de recours interne, que les pro-Fillon ont quittée dimanche matin au bout d'un peu plus d'une heure de réunion. Cette instance a suspendu ses travaux peu après 18h00 après avoir «examiné les 10 premiers griefs qui lui ont été adressés», et elle se réunira à nouveau lundi à 08h00, a-t-elle annoncé dans un communiqué.

La rivalité entre les deux leaders de l'UMP, avec pour enjeu une éventuelle candidature à l'élection présidentielle de 2017, a atteint un possible point de non-retour avec l'échec et la fin de la médiation de l'ex-ministre des Affaires étrangères Alain Juppé dimanche en début de soirée.

Sortant de sa réserve, l'ex-président Nicolas Sarkozy s'était pourtant dit «favorable à toute initiative qui peut permettre de régler la situation», avait indiqué dimanche à l'AFP son entourage. «Nicolas Sarkozy et Alain Juppé sont en contact téléphonique», a-t-on ajouté.

Habituel franc-tireur de l'UMP, le député Lionel Tardy a été le premier a envisager «une scission» au sein du groupe UMP à l'Assemblée nationale, principal groupe d'opposition. «Personne n'imagine une scission», a répondu le président du groupe, Christian Jacob, un ami de Jean-François Copé.

71% des Français et 67% des sympathisants UMP estiment que ce serait «une bonne chose» de refaire l'élection, selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche auprès d'un échantillon de 1005 personnes âgées de 18 ans et plus.

La présidente du Front national (extrême droite), Marine Le Pen, 18% à la dernière élection présidentielle, a parlé dimanche du «crash» de l'UMP.

«La véritable opposition, sereine, tranquille, tolérante et ouverte, c'est l'UDI», a déclaré cette semaine le nouveau président du parti centriste UDI Jean-Louis Borloo.

Cette situation confuse complique le travail des diplomates en poste à Paris, de l'avis de l'un d'eux: «Essaie d'expliquer à mon gouvernement ce qui arrive au sein de l'UMP. Pas évident!», a tweeté vendredi l'ambassadeur de Suède à Paris Gunnar Lund sur son compte @AmbassadeurSE.