L'ex-président français Nicolas Sarkozy a dû rendre compte de ses actions devant un magistrat hier, moins de six mois après avoir perdu son immunité judiciaire.

Le juge d'instruction Jean-Michel Gentil avait convoqué le politicien de 58 ans au palais de justice de Bordeaux pour le questionner relativement à des allégations de financement politique illégal et d'abus de confiance dans l'affaire Bettencourt, du nom de la riche héritière de L'Oréal.

L'ex-comptable de Liliane Bettencourt affirme que le gestionnaire de fortune de la plus riche femme de France, Patrick de Maistre, lui a demandé au début de 2007 de retirer 150 000 euros (192 000$) en vue de financer la campagne de Nicolas Sarkozy.

Un photographe proche de l'héritière a par ailleurs relevé qu'elle s'était plainte devant lui la même année du fait que le futur président lui avait «encore demandé» de l'argent.

Long interrogatoire

Le magistrat, qui a interviewé plusieurs proches de M. Sarkozy et fait mener en juillet des perquisitions à sa maison et à ses bureaux, s'intéresse aussi à des mouvements de capitaux survenus dans les années suivant son arrivée au pouvoir.

La convocation de l'ex-président, qui assure n'avoir rien à se reprocher, était attendue. Son avocat, Thierry Herzog, avait fait parvenir en juin une lettre explicative au juge Gentil, comprenant l'emploi du temps détaillé de son client, pour nier l'existence de rencontres «secrètes» avec la famille Bettencourt.

L'ancien chef d'État, qui est arrivé au palais de justice dans une voiture aux vitres teintées vers 9h, a été interrogé pendant plus de 12 heures. Me Herzog a précisé que le politicien n'avait finalement pas été mis en examen, mais plutôt placé sous le statut de témoin assisté, sensiblement moins lourd.

Le prédécesseur de Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac, a lui aussi dû faire face à la justice après avoir perdu son immunité. Il a été condamné à deux ans de prison avec sursis en décembre dernier dans une affaire d'emplois fictifs.

Poids lourd à l'UMP

Une éventuelle condamnation pourrait freiner les aspirations à long terme du président sortant, qui n'exclut pas de retourner en politique en prévision du scrutin prévu en 2017.

Selon l'hebdomadaire Le Canard enchaîné, plusieurs membres de sa garde rapprochée se seraient activés pendant la course à la présidence de l'Union pour un mouvement populaire (UMP) de manière à empêcher que l'un des candidats remporte une victoire déterminante et puisse s'imposer à long terme.

Quoi qu'il en soit, le résultat a été très serré puisque les aspirants au poste, Jean-François Copé et François Fillon, ont continué hier de se disputer la victoire quatre jours après la tenue du vote.

Les deux adversaires, tout en continuant de s'accuser d'irrégularités par médias interposés, ont accepté la médiation proposée par l'ex-premier ministre Alain Juppé. L'exercice doit être conclu d'ici deux semaines.