Orpheline de Nicolas Sarkozy, dont elle souhaite majoritairement le retour, la droite française choisit dimanche son nouveau chef entre François Fillon, favori des sondages et homme du «rassemblement», et Jean-François Copé, chantre d'une «droite décomplexée».

Les quelque 300 000 adhérents de l'Union pour un mouvement populaire (UMP) ont commencé dimanche matin à voter dans 650 bureaux de vote pour élire leur président pour trois ans, six mois après la défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle et son retrait de la vie politique. Le résultat devrait être connu vers 20H00 GMT.

Le nouveau patron de l'UMP aura pour mission d'organiser l'opposition au président socialiste François Hollande et de contenir la poussée du Front national (extrême droite) qui a recueilli 18% des voix à la présidentielle.

Les militants, plutôt des hommes âgés du secteur privé, doivent trancher entre l'ex-Premier ministre, François Fillon, 58 ans, et l'actuel secrétaire général du parti, Jean-François Copé, 48 ans.

Mais leur coeur est ailleurs. Selon un sondage IFOP, les deux tiers d'entre eux souhaitent un retour dans la vie politique de Nicolas Sarkozy pour diriger l'UMP et préparer la prochaine présidentielle de 2017.

Muet depuis sa défaite le 6 mai, à part un communiqué début août avec l'opposition syrienne demandant des actions contre les «massacres» de Damas, Nicolas Sarkozy n'a pas pris parti dans la rivalité entre le favori Fillon et l'outsider Copé, qui revendiquent tous deux avec force son héritage politique.

L'ex-chef de l'État ne devrait même pas voter pour désigner son successeur à la tête de l'UMP, pour éviter les journalistes qui l'attendraient immanquablement.

«Rassemblement» contre «droite décomplexée»

Solitaire, orgueilleux, voire ombrageux, économe de sa parole médiatique, François Fillon, député de Paris, voit dans le scrutin de dimanche «une primaire avant l'heure», avant celles prévues en 2016 pour désigner le candidat de l'UMP en 2017.

Il met en avant son expérience d'«homme d'État» et d'unique Premier ministre pendant cinq ans de Nicolas Sarkozy pour roder sa candidature à la prochaine présidentielle en 2017.

Son objectif est un «rassemblement» large autour de l'UMP, allant d'électeurs du Front national aux déçus par François Hollande en passant par le centre et les libéraux. Il se défend cependant d'être centriste, se revendiquant «plus à droite qu'on ne le pense».

Tonitruant, omniprésent dans tous les médias, Jean-François Copé défend une «droite décomplexée», dans le prolongement de la dernière campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, pour tenter de séduire l'électorat populaire du Front national.

Toujours sur le modèle de l'ex-président, le député-maire de Meaux, ville proche de Paris, a brisé un tabou en dénonçant tous les racismes, dont «le racisme antiblanc» que subiraient, selon lui, des Français blancs de peau de la part de leurs compatriotes de couleur ou d'étrangers venus d'Afrique.

Alors que M. Copé a déclaré qu'il céderait sa place dans la course à l'Élysée en cas de retour de Nicolas Sarkozy, M. Fillon est resté beaucoup plus flou sur cette question.

Sur l'essentiel, les deux rivaux sont d'accord: ni alliance avec le Front national, ni «Front républicain» avec les socialistes en cas de duel PS/FN au second tour d'une élection, rejet des premières réformes du quinquennat Hollande à commencer par le mariage homosexuel - et même culte du bilan de Nicolas Sarkozy.