Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) rend vendredi son jugement en appel contre l'ex-général croate Ante Gotovina, condamné en première instance à 24 ans de prison pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre mais considéré dans son pays comme un «héros» de l'indépendance.

Reconnu coupable en avril 2011 de meurtre, traitements cruels et actes inhumains, notamment, lors de la guerre de Croatie (1991-1995) contre des Serbes de son pays, Ante Gotovina, 57 ans, comparaîtra à partir de 09h00 à La Haye, où la chambre d'appel rendra son jugement.

Ce dernier sera retransmis en direct sur un écran géant sur la place principale de Zagreb, où des milliers de personnes acquises à la cause d'Ante Gotovina sont attendues.

Des messes et veillées ont en outre été organisées jeudi soir à travers la Croatie, qui rejoindra l'UE en juillet 2013 après avoir rempli une des conditions imposées en vue de son adhésion : coopérer avec le TPIY.

«Nous voulons montrer que nous soutenons nos généraux et que nous attendons le verdict à leurs côtés», a dit à l'AFP le chef d'une association d'anciens combattants croates, Josip Klemm, présent jeudi soir à Zagreb.

L'évêque de Sisak (centre), Vlado Kosic, avait pour sa part invité ses fidèles à «élever leurs voix contre l'injustice à l'égard des généraux et de la Croatie» et à «prier pour un verdict juste».

Ante Gotovina avait mené l'opération «Tempête», qui avait pour but la reconquête de la République serbe autoproclamée de Krajina (sud), une des dernières poches de résistance tenues par les Serbes de Croatie en 1995, et avait précipité la fin de la guerre de Croatie.

L'ex-général Mladen Markac, 57 ans, avait été condamné à 18 ans de prison par le TPIY dans cette affaire alors qu'un troisième général, Ivan Cermak, 62 ans, avait été acquitté. MM. Gotovina et Markac avaient fait appel de leur condamnation tandis que l'accusation ne l'avait pas fait pour l'acquittement de M. Cermak.

M. Gotovina est, selon l'accusation, responsable de la mort de 324 civils ou soldats ayant déposé les armes et du déplacement par la force de 90 000 Serbes de la Krajina.

Le TPIY avait soutenu dans son jugement en première instance que d'anciens dirigeants croates, comme l'ex-président Franjo Tudjman, décédé en 1999, avaient, au même titre que M. Gotovina, participé à une «entreprise criminelle commune» visant à chasser les Serbes du pays. Zagreb avait qualifié cette mise en cause d'«inacceptable».

Ante Gotovina avait été arrêté dans un hôtel de luxe sur les Îles Canaries en décembre 2005 après s'être caché pendant quatre ans.