Le tribunal du Vatican a condamné samedi à deux mois de prison avec sursis le technicien informatique du Vatican, Claudio Sciarpelletti, pour avoir entravé l'enquête sur le majordome du pape, Paolo Gabriele, dans le spectaculaire vol de documents confidentiels «Vatileaks».

Claudio Sciarpelletti a été «reconnu coupable d'avoir contribué à déjouer les investigations des autorités» judiciaires du Vatican, en leur fournissant plusieurs témoignages contradictoires.

La défense a annoncé qu'elle interjetait appel. La peine est suspensive pour une durée de cinq ans.

«Analyste programmateur», travaillant au Vatican depuis 20 ans, employé estimé, Claudio Sciarpelletti, 48 ans, citoyen italien, marié, père de famille, répondait de complicité avec le majordome.

Le parquet avait requis quatre mois de prison, ramenés à deux mois en raison de circonstances atténuantes dues à ses états de service et son casier judiciaire vierge. La défense avait demandé l'acquittement pur et simple.

Que Sciarpelletti ait été reconnu coupable de complicité a saisi de stupeur l'avocat Gianluca Benedetti, mais aussi le supérieur de l'informaticien, Mgr Carlo Maria Polvani, responsable de l'office d'information de la Secrétairerie d'État, et qui a longuement témoigné devant la Cour.

Prenant la parole, l'accusé a insisté sur son état de confusion mentale après son interpellation fin mai, qui l'avait amené à se contredire sur l'origine d'une enveloppe retrouvée dans son tiroir et qu'il a dit n'avoir jamais lue.

L'enveloppe, à l'origine de sa brève interpellation en mai, contenait des photocopies de documents, reproduits dans le livre Sua Santita du journaliste italien Gianluigi Nuzzi, publié au printemps, qui a révélé l'affaire.

Ces affaires internes du Vatican «ne m'intéressaient pas», a soutenu samedi Sciarpelletti.

Ces documents, non confidentiels, portaient sur la Gendarmerie et la carrière de son commandant Domenico Giani.

Dans un premier procès public, Gabriele avait été condamné début octobre à 18 mois de prison. Il purge sa peine dans une cellule de la Gendarmerie du Vatican, dans l'attente d'une possible grâce de Benoît XVI.

Gabriele a témoigné samedi, admettant avoir remis des documents à l'informaticien, qui, a-t-il confirmé, n'étaient pas des documents sensibles. Mais il a dit «ne pas se rappeler» s'il lui avait remis l'enveloppe qui les contenait.

Il a déclaré que ce n'était pas lui qui avait apposé le timbre de la Secrétairerie d'État au verso de l'enveloppe.

Le supérieur de Sciarpelletti, Mgr Polvani, s'est rappelé avoir observé, fin juin et en juillet, un total changement d'attitude chez son collaborateur, auparavant jovial et expansif.

«Il s'était enfermé en lui-même», au point que le prélat est venu le trouver pour s'enquérir. «Tu devrais me comprendre, tu devras me pardonner, je l'ai fait pour ma famille», a dit alors Sciarpelletti à Mgr Polvani, qui ne comprenait pas ces propos surprenants.

Le prélat italien a dit avoir cru qu'il s'agissait d'un conflit au bureau, avant de comprendre plus tard que Sciarpelletti avait livré aux enquêteurs, dans l'une de ses dépositions, son nom comme étant celui qui lui aurait remis l'enveloppe.

«Je jure sur mon baptême et mon sacerdoce que jamais je n'ai soustrait, transféré des dossiers protégés par le secret», a assuré solennellement le prélat.

«Voir les stupidités qui circulent, selon lesquelles je serais parmi les frondeurs, voire un admirateur de Che Guevara, me laisse interdit. J'espère que la vérité et le pardon prévaudront», a-t-il lancé.

Au milieu de son service, a encore argumenté le prélat, il y a un grand couloir où passaient beaucoup de gens et où se trouvaient une imprimante et les tampons de service, que n'importe qui pouvait prendre.

L'instruction de l'affaire «Vatileaks» dans son ensemble n'est pas close, a réitéré le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican.

Des enquêtes longues et complexes devraient donc se poursuivre sur d'autres volets d'un scandale obscur. Les procès Sciarpelletti et Gabriele, tous deux conduits rapidement, n'ont pas permis de faire vraiment la lumière.

Cette deuxième audience s'est déroulée en présence d'un pool restreint de dix journalistes, mais sans la présence de photographes et de caméras, par respect pour la vie privée de l'accusé.