Le gouvernement français a annoncé hier qu'il entendait augmenter la taxe à la consommation du pays, quelques mois après avoir décrié et annulé une mesure de même acabit décidée par l'ex-président Nicolas Sarkozy.

La hausse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), dépeinte tant à gauche qu'à droite de l'échiquier politique comme une «volte-face», figure dans un plan avancé par le premier ministre Jean-Marc Ayrault pour relancer la compétitivité des entreprises du pays.

«La situation de notre pays appelle des décisions ambitieuses et courageuses. La France a besoin d'un nouveau modèle qui la replace au coeur de la compétition mondiale», a déclaré le politicien. Les firmes françaises bénéficieront d'un crédit d'impôt annuel de l'ordre de 20 milliards d'euros qui sera financé par la hausse, en 2014, de deux des trois paliers de la TVA.

Taux diminué

Le taux le plus faible, applicable aux produits de première nécessité, comme la nourriture, le gaz et l'électricité, sera légèrement diminué.

L'annonce du gouvernement survient au lendemain du dépôt d'un rapport sur la compétitivité produit par l'ancien PDG de la firme aéronautique EADS, Louis Gallois, qui sonnait l'alarme sur la situation industrielle française.

En 30 ans, plus de 2 millions d'emplois ont été perdus dans le pays, a souligné l'auteur, qui plaidait notamment pour un allégement des charges sociales des entreprises françaises.

Les patrons des plus importantes entreprises de France avaient appelé dans une récente tribune le gouvernement à passer à l'action en leur faveur.

En annonçant que le gouvernement entendait reprendre la majorité des propositions avancées par M. Gallois, Jean-Marc Ayrault a assuré que son gouvernement suivait une démarche «résolument de gauche».

Il a assuré du même souffle que le plan correspondait aux engagements pris par le président François Hollande durant la campagne électorale.

La droite s'est empressée d'ironiser à ce sujet, en relevant que le chef d'État et M. Ayrault avaient promis il y a quelques mois à peine de ne pas hausser la TVA. Les socialistes, peu après leur arrivée au pouvoir l'été dernier, avaient annulé une hausse décidée par le précédent gouvernement de droite.

«Cela montre que, vraiment, il n'y a chez lui absolument aucune solidité dans ses convictions», a déclaré le secrétaire général de l'Union pour un mouvement populaire, Jean-François Copé, en parlant du chef d'État.

Des critiques sont aussi venues des rangs de la gauche. L'économiste Thomas Piketty, proche du camp socialiste, a déclaré en entrevue au Monde que le «bidouillage» de la TVA annoncé par le gouvernement représentait une «régression intellectuelle et politique considérable» par rapport aux ambitions fiscales initiales du gouvernement.

À l'extrême gauche, Jean-Luc Mélenchon a accusé les socialistes de céder au «matraquage» des organisations patronales sur le manque de compétitivité des entreprises françaises.