Des milliers d'ultranationalistes ont défilé dimanche dans les rues de Moscou, comme chaque année à l'occasion de la «Marche russe», appelant à la démission du président Vladimir Poutine, qu'ils accusent de ne pas protéger le peuple russe, et dénonçant l'immigration illégale.

«Nous effrayons Poutine. Il sent que son temps touche à sa fin (...). Nous allons chasser les occupants du Kremlin», a lancé Alexandre Belov, l'un des organisateurs de la marche, organisée le Jour de l'Unité du peuple, qui célèbre cette année le 400e anniversaire de la libération de Moscou, occupée par l'armée polonaise en 1612.

«Poutine est un...?», a-t-il ensuite interrogé la foule, qui a répondu que le président était un «voleur et un salopard», qui mérite d'être en «prison», a constaté une journaliste de l'AFP.

M. Belov a estimé à environ 20 000 le nombre de participants à la marche. La police, quant à elle, a fait état d'environ 6000 manifestants et indiqué que 25 personnes portant des manteaux militaires noirs ont été interpellées.

Depuis bientôt un an, le régime de Vladimir Poutine est confronté à une contestation sans précédent. L'opposition a rassemblé dans la rue des centaines de milliers de personnes pour protester contre des élections jugées entachées de fraude, et contre le retour au Kremlin de l'homme fort de Russie.

Plusieurs marches nationalistes ont été organisées dans d'autres villes. À Saint-Pétersbourg (nord-ouest), environ 70 personnes ont été interpellées lors de la marche, qui n'avait pas été autorisée, a indiqué la police à l'AFP. Cinquante-quatre personnes ont été interpellées à Kazan (Russie centrale), et près de 90, à Ekaterinbourg, dans l'Oural.

Comme à l'accoutumée, la marche, à connotation clairement raciste et traditionnellement organisée par les groupes ultranationalistes, antisémites, se réclamant de courants ultraorthodoxes et antiimmigration, a été l'occasion de dénoncer l'immigration illégale.

M. Belov a ainsi affirmé que Vladimir Poutine ne protégeait pas les Russes contre l'arrivée massive d'immigrants venus en particulier des ex-républiques soviétiques d'Asie centrale.

«Les meilleurs (des Russes) se voient obligés de quitter la Russie pour l'Occident», a-t-il estimé.

«Si Poutine avait une once de raison et de conscience, que ferait-il? Il mettrait un terme à la vague de migration», a renchéri Vladimir Tor, membre d'un groupuscule nationaliste.

Les défenseurs des droits de l'homme s'inquiètent de la montée du racisme et de la xénophobie depuis la chute de l'URSS, tandis que des centaines de milliers de personnes originaires du Caucase russe et d'Asie centrale sont venues vivre et travailler dans les grandes villes russes pour échapper à la misère dans leur région d'origine.

À Moscou, les autorités ont autorisé la marche, suivie d'un rassemblement dans le centre, malgré l'opposition de la Fédération des migrants de Russie, qui souhaitait son annulation ou son report à une autre date que ce jour censé promouvoir «l'Unité du peuple».

Cette journée a été instaurée en 2005 par Vladimir Poutine (déjà président de 2000 à 2008). Dimanche, ce dernier a déposé des fleurs devant un monument commémorant la libération de Moscou sur la Place Rouge, en compagnie de représentants des principales religions du pays.

Par ailleurs, des partisans d'extrême gauche ont eux aussi organisé à Moscou un rassemblement en soutien aux prisonniers politiques.

Une bagarre a eu lieu dans une station de métro près du lieu de ce rassemblement, entre des «militants antifascistes» et plusieurs dizaines de jeunes, probablement des néo-nazis, faisant des blessés, a indiqué à l'AFP Pavel Sambourov, un représentant d'un groupe gai et lesbien, citant des amis.

Un porte-parole de la police a de son côté indiqué qu'une «petite rixe» impliquant cinq personnes avait eu lieu.