Le gouvernement maltais a annoncé la nomination de son chef de la diplomatie Tonio Borg au poste de commissaire européen à la place de John Dalli, contraint de démissionner la semaine passée, car soupçonné d'avoir couvert une tentative d'extorsion.

La Valette a indiqué dans un communiqué publié tard samedi soir que le Premier ministre a informé le président de la Commission européenne José Manuel Barroso du choix de M. Borg comme successeur de M. Dalli.

M. Borg était aussi jusqu'à présent vice-Premier ministre de la petite île méditerranéenne.

Interrogé par une télévision dimanche matin, M. Borg, un avocat de profession parlementaire depuis 1992, a laissé entendre qu'il pensait reprendre le poste de M. Dalli à la Santé et à la Protection des consommateurs. Mais il a souligné que c'est à M. Barroso de décider.

M. Borg a indiqué à l'AFP qu'il se rendrait à Bruxelles dès lundi pour discuter avec le président de la Commission.

M. Borg qui est aussi le numéro deux du Parti nationaliste au pouvoir à Malte, poste dont il va démissionner dès dimanche, assurera sa fonction de ministre des Affaires étrangères jusqu'à sa nomination formelle à Bruxelles.

«Le gouvernement maltais voudrait que le processus ne prenne pas trop de temps, mais il y a une procédure à suivre», a souligné M. Borg, en rappelant que sa nomination doit être discutée au niveau de la Commission puis être approuvée par le parlement européen.

Il a souvent été critiqué lors d'apparitions à la Commission européenne ou au parlement européen pour ses positions très conservatrices notamment pour sa campagne contre l'introduction de l'avortement à Malte l'an passé.

«Il faut faire attention avant d'étiqueter les gens. Je ne pense pas que je sois aussi conservateur que ce que vous dites. J'ai dans mon parcours politique apporté des changements radicaux à certaines lois, par exemple pour rendre légitimes les enfants naturels ou sur la législation sur le concubinage à laquelle j'étais favorable», a déclaré M. Borg à l'AFP.

Il a souligné que «ce qui est important en politique c'est d'être honnête», ajoutant qu'en tant que commissaire européen, «on ne représente pas ses électeurs, on est un ministre de l'Europe quelles que soient ses propres idées au niveau local».

Le commissaire John Dalli a démissionné mardi dernier pour avoir couvert une tentative d'extorsion et de corruption, selon le directeur général de l'Office européen de lutte contre la fraude (Olaf) Giovanni Kessler.

La démission a été motivée par les conclusions d'une enquête réalisée par l'Olaf à la suite d'une plainte d'un fabricant de tabac suédois, Swedish Match. Selon l'Olaf, M. Dalli «était au courant qu'un proche, un industriel maltais, demandait des sommes d'argent à une compagnie afin d'user de son influence sur le commissaire pour essayer de faire modifier une législation».