Les députés de l'Assemblée nationale ont approuvé hier, à l'initiative du gouvernement socialiste, la ratification d'un nouveau traité budgétaire européen largement décrié par la gauche pendant la campagne présidentielle.

Le traité en question, qui impose de sévères cibles budgétaires aux pays signataires, a été approuvé par 477 voix contre 70, avec une vingtaine d'abstentions. La majorité des suffrages exprimés provenait des rangs de la gauche.

Le gouvernement socialiste, face à une forte contestation interne, avait fait de l'atteinte d'une telle majorité un élément symbolique important.

Le résultat du scrutin «donnera à la France une capacité supplémentaire pour faire entendre sa voix», s'est félicité le président François Hollande après le vote. Le traité doit maintenant être discuté au Sénat avant sa ratification finale, mais aucune surprise n'est attendue à cette étape.

Comme les autres pays signataires, la France devra ramener à moyen terme son déficit structurel à moins de 0,5% du PIB. Le texte prévoit que ce seuil peut être dépassé si la conjoncture économique le justifie, par exemple en cas de récession.

Le gouvernement a fait savoir la semaine dernière qu'il espérait ramener son déficit sous la barre des 3% en 2013. Pour ce faire, le projet de loi de finances prévoit des impôts additionnels et des ponctions de 30 milliards d'euros.

Zsolt Darvas, analyste de l'institut Bruegel, à Bruxelles, estime que la France aura du mal à atteindre cette cible dans le contexte de ralentissement économique mondial décrit hier par le Fonds monétaire international (FMI). Le pays, selon lui, doit éviter de tuer toute possibilité de croissance par un excès d'austérité.

Le continent européen est, globalement, en meilleure posture que les États-Unis ou le Japon quant à l'endettement et peut se permettre «de relaxer un peu ses objectifs fiscaux» sans compromettre sa crédibilité, juge-t-il.

Angela Merkel en Grèce

Une telle approche, préconisée notamment par d'éminents économistes comme Paul Krugman et Joseph Stiglitz, est réclamée énergiquement par la Grèce.

Le premier ministre grec Antonis Samaras cherche actuellement à boucler un nouveau plan de compressions de 13,5 milliards d'euros pour obtenir une tranche de financement de 31,3 milliards de la troïka formée par la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le FMI.

Hier, il a redemandé plus de flexibilité à la chancelière allemande Angela Merkel, qui était de passage à Athènes pour apporter son soutien au gouvernement. Pendant que des milliers de manifestants opposés à sa venue manifestaient dans la capitale, elle a salué les «progrès accomplis» par le pays et insisté sur sa volonté de maintenir la Grèce dans la zone euro.

M. Darvas pense que la BCE et les autres créanciers publics de la Grèce devront accepter d'annuler une partie substantielle de la dette existante s'ils veulent éviter que le pays se retrouve en faillite.

L'analyste estime qu'il sera difficile pour les élus de repousser cette restructuration plus loin que le début de l'année prochaine, parce que les objectifs budgétaires fixés jusqu'à maintenant sont manifestement «inatteignables».

La Croix-Rouge à la rescousse en Espagne

La Croix-Rouge lancera pour la première fois une campagne de collecte de fonds en Espagne afin de soutenir les victimes de la crise économique.

L'organisation d'aide internationale a indiqué que les fonds recueillis serviront à soulager 300 000 personnes en situation de vulnérabilité extrême.

Le pays a été frappé de plein fouet par l'éclatement d'une importante bulle immobilière qui a entraîné une montée en flèche de la pauvreté et du chômage, actuellement près de la barre des 25%.

Malgré la gravité de la situation, le gouvernement de Mario Rajoy rechigne à demander un sauvetage en bonne et due forme des autorités européennes, qui ont déjà accepté d'avancer jusqu'à 100 milliards d'euros (près de 126 milliards de dollars) pour renflouer les banques du pays.