Le Royaume-Uni a exprimé lundi sa détermination à extrader «aussi vite que possible» l'islamiste Abou Hamza vers les États-Unis, où il est accusé de terrorisme, aussitôt après le rejet de son dernier recours devant la Cour européenne des droits de l'homme.

La Cour de Strasbourg a ouvert la voie à l'extradition de l'ancien imam de la mosquée de Finsbury Park (nord de Londres) et de quatre autres terroristes présumés, en rendant définitif un jugement rendu le 10 avril dernier. Cette décision met un terme à une bataille juridique de huit années.

La CEDH avait alors estimé que les lourdes peines de prison encourues par les cinq hommes aux États-Unis n'étaient «pas grossièrement disproportionnées» eu égard aux faits de terrorisme qui leur sont reprochés.

«La ministre de l'Intérieur (Theresa May) se félicite de la décision d'aujourd'hui de ne pas renvoyer le cas d'Abou Hamza et de quatre autres vers la Grande Chambre», l'instance suprême de la CEDH, a indiqué lundi le ministère britannique dans un communiqué.

«Nous ferons en sorte que ces individus soient remis aux autorités américaines aussi vite que possible», ajoute le ministère.

Cette extradition prendra «au moins quelques semaines, le temps de prendre les dispositions nécessaires», a indiqué une source gouvernementale.

Borgne et manchot équipé d'un crochet, Mustafa Kamal Mustafa, dit Abou Hamza al-Masri, est visé en tout par 11 chefs d'accusation liés au terrorisme. Il est notamment accusé par Washington d'avoir pris part à l'enlèvement de 16 touristes occidentaux au Yémen en 1998, dont 4 sont morts lors d'une opération de l'armée yéménite pour les libérer.

Il aurait aussi facilité la mise en place d'un camp d'entraînement terroriste aux États-Unis en 2000-2001 et aidé le financement de candidats au djihad désireux de se rendre au Proche-Orient pour y suivre un entraînement à des actes terroristes.

Abou Hamza et cinq autres hommes, accusés d'avoir fomenté des attentats ou fourni une assistance à des groupes en vue d'actions terroristes, s'étaient tournés vers la CEDH entre 2007 et 2009.

Parmi les requérants figure l'expert informatique Babar Ahmad, accusé d'avoir collecté des fonds pour financer le terrorisme, incarcéré depuis huit ans en Grande-Bretagne sans avoir été jugé. Les trois autres sont Seyla Talha Ahsan, Adel Abdul Bary et Khaled al-Fawwaz.

Ils estimaient que leur incarcération probable dans un «pénitencier américain de sécurité maximum» à Florence (Colorado) ainsi que la peine de réclusion à vie sans libération conditionnelle à laquelle ils pourraient être condamnés s'apparenteraient à un «traitement dégradant ou inhumain».

La CEDH, qui avait bloqué la décision d'extradition en juillet 2010 pour étudier le dossier sur le fond, les avait déboutés et avait ajourné sa décision concernant un sixième requérant, Haroon Rashid Aswat, soigné pour schizophrénie dans un hôpital à haute sécurité en Grande-Bretagne.

Abou Hamza, né en Égypte et aujourd'hui quinquagénaire, purge une peine de sept ans de prison en Grande-Bretagne, où il a été condamné en février 2006 pour incitation au meurtre et à la haine raciale.

Londres tente par ailleurs depuis près de 10 ans d'extrader vers la Jordanie un autre islamiste, Abou Qatada, qui fut un temps considéré comme le chef spirituel d'Al-Qaïda en Europe. Il est actuellement incarcéré, en attendant une décision de la justice britannique sur son extradition, à laquelle la CEDH avait ouvert la voie en mai, en rejetant la demande de réexamen de son dossier.