Un appel vendredi de l'extrême droite à interdire en France kippa et voile a suscité la consternation du président socialiste François Hollande, tandis qu'un de ses ministres traitait l'auteur de l'appel, Marine Le Pen, d'« intégriste ».

Cette interdiction devrait s'appliquer dans « les magasins, les transports, la rue ». Il est « évident que si l'on supprime le voile, on supprime la kippa dans l'espace public », a dit au journal Le Monde la présidente du parti Front national (FN).

Cette déclaration survient sur fond de tensions entre le monde musulman et occidental après la diffusion d'un film américain anti-islam et de caricatures de Mahomet publiées dans un journal français, Charlie Hebdo. Ces tensions ont mis vendredi en alerte les autorités françaises qui ont fermé ambassades, consulats et écoles dans une vingtaine de pays musulmans.

« Tout ce qui déchire, oppose, divise est maladroit et donc nous devons appliquer les règles, les seules règles que nous connaissons c'est les règles de la République et de la laïcité », a rétorqué le chef de l'État François Hollande, interrogé sur les propos de la dirigeante d'extrême droite.

Marine Le Pen se prononce pour « une application stricte de la loi de 1905 » sur la laïcité : « plus de financement, direct ou indirect, des mosquées. Plus de financement étranger. Sauf cas spécifique de convention de réciprocité ».

Pour le ministre français de l'Éducation, Vincent Peillon, « tous ces amalgames, ces imprécisions, font le lit de l'obscurantisme et de la haine. Réagissons (...) Marine Le Pen jettera de l'huile sur le feu sur tous les intégrismes. Elle est la première des intégristes », a-t-il réagi.

« C'est le moment de se rassembler, d'être plus tolérants les uns avec les autres, d'être fraternels et de dire, tous ensemble, fortement, non à ce discours de haine et de division », a enchaîné le ministre.

Pour l'Observatoire contre l'islamophobie, les déclarations de Marine Le Pen ne sont que des « gesticulations ». « Dans un contexte très tendu avec le film anti-musulmans et les caricatures de Charlie Hebdo, c'est encore mettre de l'huile sur le feu pour créer des problèmes entre les communautés », a déclaré à l'AFP Abdallah Zekri, président de cet Observatoire.

PHOTO JOEL SAGET, AFP

La chef du Front national Marine Le Pen