Le député européen Harlem Désir va succéder à Martine Aubry pour diriger le parti socialiste français, au pouvoir pour la première fois depuis dix ans.    

Harlem Désir, numéro 2 du PS issu du monde associatif, a été choisi par la patronne sortante et par le premier ministre Jean-Marc Ayrault pour prendre la tête du parti à l'automne, ont annoncé ces derniers dans un communiqué commun mercredi.

« Au terme d'une consultation des responsables de notre parti, dans une volonté de rassemblement et de renouvellement, notre choix s'est porté sur Harlem Désir », écrivent M. Ayrault et Mme Aubry.

Le vote des 175 000 adhérents du Parti socialiste, prévu les 11 et 18 octobre au congrès de Toulouse (sud-ouest) ne devrait maintenant plus être qu'une formalité : cinq mois après l'élection du socialiste François Hollande, ils devraient se prononcer en faveur du candidat soutenu par la grande majorité des ténors du PS.

Après des primaires pour la présidentielle unanimement saluées pour leur caractère novateur, cet adoubement a été critiqué jusqu'à l'intérieur du PS pour son caractère « obscur », voire « nord-coréen ».

Jusqu'à la dernière minute, M. Désir était en balance avec le député de Paris Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire aux relations internationales au PS.

Des marchandages dignes d'un vaudeville ont eu lieu entre les différents « courants » du PS sur le nom du premier secrétaire, mais aussi sur les équilibres au sein des instances dirigeantes.

À 52 ans, Harlem Désir a été un médiatique président de l'association SOS Racisme dans les années 80, avant de faire carrière au Parti socialiste, notamment au Parlement européen où il est élu depuis 1999 et s'est spécialisé sur les questions liées à la mondialisation.

Mais il s'y est aussi fait une réputation d'apparatchik peu charismatique et champion de la langue de bois. Il avait été aussi condamné en 1998 à dix-huit mois de prison avec sursis pour des salaires fictifs d'une association.

Il va remplacer Martine Aubry qui a rénové le parti en organisant les primaires de l'automne 2011, première étape de la campagne victorieuse de François Hollande. La mairesse de Lille (nord) avait elle-même succédé à François Hollande en 2008 après s'être hissée à la tête du parti à l'issue d'un duel controversé face à la candidate malheureuse de la présidentielle de 2007 Ségolène Royal.

Martine Aubry, battue lors de la primaire socialiste et qui avait refusé ensuite d'entrer au gouvernement, n'a pas dit si elle voulait continuer à avoir un rôle national dans l'avenir.

M. Désir s'est déclaré « fier et honoré » et a plaidé pour un PS « engagé, utile et innovant au service de la réussite de l'action du président de la République et du gouvernement ».

Il aura aussi à convaincre les grands élus de son parti de se plier à la promesse de François Hollande sur la fin du cumul des mandats de parlementaire et de membre d'un exécutif local qui peine à entrer dans les faits.

Dans la politique française, le chef d'un parti au pouvoir n'a cependant qu'une influence limitée, les vrais leaders étant le président et les principaux responsables gouvernementaux.