Une semaine après la mort par balle dans les Alpes françaises d'un Britannique, de sa femme et de sa belle-mère, le mystère reste entier sur le mobile de ce crime commis le 5 septembre dans lequel un cycliste français a aussi été tué.    

Mardi, les enquêteurs, qui avaient rouvert au public le site du massacre, procédaient à de nouvelles vérifications dans le stationnement forestier où a été trouvée la voiture de Saad al-Hilli, Irakien d'origine et consultant pour des firmes aéronautiques, avec trois cadavres dedans.

Dans la maison de la victime, à Claygate près de Londres, d'autres enquêteurs, principalement britanniques, poursuivaient dans le même temps une perquisition de plusieurs jours pour tenter d'apporter de premiers éléments à une affaire spectaculaire dont ont réchappé deux fillettes.

Un des deux juges d'instruction chargés de l'enquête sur la tuerie, Michel Mollin, et le procureur de la République d'Annecy, Éric Maillaud, se rendront tous deux jeudi en Angleterre pour une visite de 24 heures.

À Londres, les deux magistrats évoqueront, entre autres, les modalités du retour des corps des victimes en Grande-Bretagne.

« C'était comme dans un film, une de ces séries de télévision où tout commence par un meurtre. Sauf (...) que nous n'avions pas la télécommande pour changer de chaîne... », a raconté au quotidien français Le Parisien un Français, Philippe D, arrivé sur les lieux du crime dans la foulée d'un cycliste britannique peu après le massacre.

Le quotidien britannique The Times, citant des experts, estime que l'unique arme utilisée lors du crime « pourrait être un pistolet mitrailleur de type Skorpion vz61, de fabrication tchèque, une arme utilisée par les forces soviétiques durant la guerre froide ».

Les nationalités et origines des victimes, les deux balles dans chacune de leur tête et le fait que Saad al-Hilli travaillait pour des secteurs sensibles, ont fait se multiplier les spéculations sur le mobile du crime. Des bizarreries dans l'emploi du temps de la famille britannique avant le meurtre accentuent les interrogations.

En vacances avec une caravane, les al-Hilli avaient changé de camping le 3 septembre. Selon certains témoignages, Saad s'absentait régulièrement et pas pour aller faire des courses.

Aperçu par des témoins peu après le crime, un 4X4 de couleur sombre est toujours recherché par les enquêteurs. Plus de six jours après le massacre, le recueil des enregistrements vidéos pris par des communes, des commerces ou encore des particuliers des environs a aussi été entrepris.

« Cela commence tout juste », a précisé à l'AFP un gendarme.

L'audition de Zeena, la petite fille de quatre ans trouvée indemne dans la voiture de son père huit heures après la tuerie, n'a rien donné. Elle n'a rien vu, seulement entendu, a rapporté le procureur responsable de l'affaire, Éric Maillaud, sans dire quoi exactement.

Les espoirs se reportent sur son aînée, Zainab, 7 ans, qui vient de sortir du coma. Grièvement blessée, retrouvée près de la voiture de la famille al-Hilli, elle est considérée comme un « témoin-clé » et son audition pourrait être capitale pour établir un début d'explication à la tuerie. Elle sera menée par des enquêteurs spécialisés dans le témoignage des enfants.

Dans le cadre du volet britannique de l'enquête, les policiers ont longuement entendu depuis samedi comme « témoin » libre Zaid, le frère de Saad al-Hilli, établi comme lui dans le comté du Surrey.

Une brouille a été évoquée entre les deux frères, autour du partage de l'héritage consécutif à la mort de leur père en Espagne l'an dernier. Mais jusqu'à présent, cette piste éventuelle s'est révélée infructueuse.