Le député russe Guennadi Goudkov, un des organisateurs des manifestations de l'opposition anti-Poutine, a indiqué samedi que le parquet général de Russie avait demandé à la chambre basse du Parlement (Douma) de lui retirer rapidement son mandat de parlementaire.

Membre du parti Russie juste (centre gauche), M. Goudkov a précisé avoir reçu la copie d'une lettre du procureur général Iouri Tchaïka, adressée au président de la Douma, Sergueï Narychkine, reprochant au député des «violations de procédures d'exercice de son mandat et de normes éthiques».

«Dans la lettre, il est précisé, je cite: 'il est indispensable d'examiner la question consistant à mettre fin avant terme au mandat du député de la Douma Guennadi Vladimirovitch Goudkov», élu en décembre dernier, a-t-il indiqué à l'agence Interfax.

Fin juin, le comité d'enquête de Russie avait annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire contre M. Goudkov concernant des accusations de fraude fiscale et de blanchiment lancées par un citoyen bulgare, Ivaïlo Zartov.

Ce dernier a fait état de l'investissement par M. Goudkov de fonds en devises étrangères dans une société établie en Bulgarie, et d'une évasion fiscale sur le territoire russe, selon le comité d'enquête.

Auparavant, la chaîne nationale NTV, contrôlée par le groupe public Gazprom, avait diffusé une interview de M. Zartov affirmant que M. Goudkov avait investi des «millions» d'euros en Bulgarie et dans d'autres pays d'Europe, insinuant qu'il s'agissait de blanchiment.

Le député russe avait aussitôt dénoncé sur son blogue une campagne visant à le discréditer.

Deux jours après la révélation de l'enquête contre lui, M. Goudkov annonçait avoir été contraint de vendre à vil prix sa société de sécurité en raison des pressions grandissantes de la part des autorités, liées selon lui à ses activités politiques.

Ces événements interviennent alors que les perquisitions et interrogatoires se sont multipliés ces derniers mois à l'encontre des leaders de l'opposition, qui dénoncent un virage répressif après le retour au Kremlin en mai de Vladimir Poutine pour un troisième mandat de président après ceux de 2000-2008.