Les tractations diplomatiques se poursuivaient vendredi pour tenter de trouver une issue à l'affaire Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks toujours réfugié à l'ambassade d'Équateur à Londres, et dont le sort restait plus qu'incertain, malgré l'asile accordé par Quito.

Une vingtaine de policiers britanniques continuaient à monter la garde devant les entrées du bâtiment de briques rouges abritant la représentation équatorienne, qui s'est transformée en prison dorée pour l'Australien réfugié là depuis le 19 juin.

Deux voitures de police stationnaient également près de l'édifice, non loin de la dizaine de partisans d'Assange qui ont passé la nuit sur place, dormant sur des cartons pour «monter la garde».

«La tactique d'intimidation britannique se poursuit», a commenté WikiLeaks sur Twitter.

Si Assange s'aventurait en dehors de l'ambassade, il pourrait immédiatement être arrêté en vertu du mandat d'arrêt lancé par la Suède pour une affaire de viol et d'agression sexuelle, accusations qu'il rejette.

Il devrait toutefois se risquer à faire une déclaration publique dimanche «à 14h00 (13h00 GMT) devant l'ambassade», deux mois jour pour jour après son arrivée dans la représentation équatorienne, selon WikiLeaks.

Dès que Quito a annoncé jeudi qu'il accordait l'asile politique à Assange, le Royaume-Uni a averti que cela ne changerait «rien» à la procédure d'extradition.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a toutefois semblé écarter pour l'instant la menace d'une intrusion policière dans l'ambassade, autorisée, selon lui, par une loi de 1987. Un texte qui n'a été utilisé qu'une seule fois pour expulser des squatteurs, mais son évocation a conduit Moscou à «s'interroger sur le respect» par Londres des principes de la Convention de Vienne sur l'immunité des locaux diplomatiques.

Guêpier

Face à l'intransigeance britannique, l'Équateur a tenté de rallier à sa cause les États sud-américains.

Il a convoqué les ministres des Affaires étrangères de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) dimanche à Guayaquil pour faire un point sur la situation.

L'Organisation des États américains (OEA) a de son côté annoncé qu'elle convoquerait une réunion le 24 août à Washington entre ses ministres des Affaires étrangères. Au sein de l'OEA, les États-Unis, comme le Canada, ont voté contre cette réunion, et le département d'État américain a par ailleurs rejeté vendredi la notion d'«asile diplomatique» invoquée par l'Équateur.

Quito envisage aussi de saisir la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye pour contraindre la Grande-Bretagne à délivrer un sauf-conduit à Assange.

«Nous sommes résolus à travailler avec les Équatoriens pour résoudre cette affaire à l'amiable», a indiqué un porte-parole du Foreign Office, qui s'est toutefois refusé à tout commentaire «sur les contacts ou les réunions» prévus. En Suède, un représentant du ministère des Affaires étrangères a rencontré jeudi l'ambassadeur d'Équateur pour lui rappeler «les principes fondamentaux du système judiciaire» suédois.

La presse britannique se demandait vendredi comment Julian Assange allait sortir de ce guêpier, passant en revue différents scénarios d'exfiltration, si la voie diplomatique ne débouche sur aucun accord - sortie à bord d'une voiture de l'ambassade équatorienne, fuite dans un conteneur estampillé «valise diplomatique», attribution par l'Équateur à M. Assange d'un statut diplomatique - mais concluant à chaque fois que ces subterfuges ne lui permettraient pas d'échapper à la police.

Tant Quito que Stockholm semblaient vendredi préparés à la patience. «Nous allons attendre de voir ce qui se passe», a commenté le ministre des Affaires étrangères suédois Carl Bildt. Le président équatorien Rafael Correa a indiqué pour sa part que l'Australien pouvait «rester indéfiniment» dans l'ambassade.

À en croire des proches de celui-ci, cités par le quotidien britannique Evening Standard, Julian Assange, qui vit dans une petite pièce dotée d'un lit à une place et d'une douche bricolée, lit beaucoup et navigue sur internet, et dispose aussi d'un tapis de course à pied et d'une lampe à bronzer.