La juge chargée du procès des Pussy Riot a été placée sous protection de l'État après des menaces, à la veille de la lecture du jugement concernant les trois membres de ce groupe punk, qui ont obtenu jeudi le soutien de l'ex-Beatles Paul McCartney.

«Les menaces émanent de partisans des membres du groupe», a indiqué à l'AFP cette porte-parole, Daria Liakh, refusant de préciser si la famille de la juge Marina Syrova allait également être placée sous protection.

Mme Syrova doit entamer vendredi à 11H00 GMT la lecture du jugement de Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, qui comparaissent depuis fin juillet et sont en détention provisoire depuis près de cinq mois.

Les prévenues doivent répondre de «hooliganisme» et d'«incitation à la haine religieuse» pour avoir chanté le 21 février, encagoulées, avec guitares et sonorisation, une «prière punk» dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, demandant à la Sainte Vierge de «chasser Poutine» du pouvoir.

Le procureur a requis trois ans de camp contre chacune d'elle. Les avocats de la défense ont, quant à eux, plaidé la relaxe.

L'affaire a pris une dimension internationale et les trois jeunes femmes ont reçu de nombreuses marques de soutien à travers le monde, notamment de la chanteuse américaine Madonna, de l'artiste d'avant-garde Yoko Ono, veuve de John Lennon, et jeudi de l'ex-Beatles, Paul McCartney.

Dans une lettre rendue publique, la star britannique a appelé les musiciennes à «rester fortes». Il a assuré que «lui-même et beaucoup d'autres qui croient à la liberté d'expression feront tout ce qui est en leur pouvoir pour (les) soutenir (elles) et l'idée de liberté artistique».

Une journée mondiale de soutien aux trois jeunes femmes doit avoir lieu le 17 août, avec des actions prévues dans de nombreuses villes, allant de Paris à New-York, en passant par Londres.

«Pas possible de ne pas aller au tribunal» pour soutenir les Pussy Riot

En Russie, l'affaire a profondément divisé la société, de nombreux prêtres et fidèles dénonçant la profanation de la cathédrale et une attaque en règle contre l'Eglise. Mais d'autres, y compris au sein de l'Eglise, ont également jugé les poursuites à leur encontre et leur maintien en détention disproportionné avec les faits

Par ailleurs, l'écrivain Boris Akounine, une des figures de la contestation en Russie, a appelé à se rendre au tribunal vendredi pour soutenir les jeunes femmes.

«Je vais aller au tribunal Khamovnitcheski, tout simplement pour être là-bas», a-t-il écrit jeudi sur son blogue. «Demain, d'après moi, (...) il n'est pas possible de ne pas aller» au tribunal.

Les critiques ont fusé de toutes parts au procès des Pussy Riot, notamment à l'encontre de cette juge, accusée d'avoir refusé des témoins cités par la défense ou d'avoir sermonné les avocats.