Ancien capitaine de marine marchande, le président Traian Basescu, qui affirme avoir échappé à la destitution dimanche, s'est posé en défenseur infatigable des réformes depuis son premier mandat en 2004 mais ses opposants lui reprochent d'être un «tyran».

M. Basescu avait déjà survécu à une tentative de destitution en 2007, lors de son premier mandat, également face aux partis social-démocrate (PSD) et libéral (PNL), qui forment aujourd'hui l'Union sociale-libérale (USL, majorité de centre gauche).

D'après les premières estimations officielles, il devrait rester de nouveau président, le taux de participation requis de plus de 50% pour sa destitution n'étant pas été atteint dimanche.

Pour celui qui était à la tête de la Roumanie lors de son entrée dans l'Union européenne en 2007, la modernisation d'un pays éprouvé par des décennies de dictature communiste a constitué une priorité.

«La réforme de l'Etat se fera avec du tumulte, avec de l'opposition, avec des disputes», déclarait-il avant sa réélection en 2009.

A 60 ans, cet homme qui adore les bains de foule a souvent égratigné une classe politique qu'il critique pour son attentisme et sa tendance, selon lui, à conserver ses privilèges dans une démocratie encore jeune.

Il se targue d'avoir fait progresser la réforme de la justice en conformité avec les exigences de l'Union européenne.

Des diplomates étrangers reconnaissent son engagement pour consolider l'indépendance de la justice.

M. Basescu se félicite aussi d'avoir soutenu les mesures d'austérité du précédent exécutif de centre-droit, contribuant à faire sortir la Roumanie d'une récession sévère avec l'aide du Fonds monétaire international (FMI) et de l'UE.

Mais la cure de rigueur, avec des baisses de 25% du salaire des fonctionnaires, lui a valu la chute de sa cote de popularité.

Il a reconnu dimanche la colère de millions de Roumains contre lui, appelant à une réconciliation.

Ancien membre du parti communiste, il a été le premier à condamner officiellement les crimes des communistes dans un discours au Parlement en 2006, malgré les sifflets d'une partie des élus.

Ses adversaires lui reprochent toutefois de ne pas s'être cantonné à son rôle de médiateur mais «d'avoir assumé en mode direct la conduite du pays», en violation selon eux de la Constitution.

Le co-président de l'USL, Crin Antonescu, qui assure l'intérim à la tête de l'Etat, le qualifie de «tyran», le Premier ministre social-démocrate Victor Ponta de «scorpion».

«Basescu est quelqu'un qui se laisse conduire par son caractère», estime le professeur de sciences politiques Daniel Barbu.

L'hiver dernier, voulant imposer une réforme du système de santé, le président avait poussé à la démission une des figures les plus respectées de la Roumanie post-communiste, le docteur Raed Arafat, fondateur du service des urgences avec lequel il était en désaccord sur un point de la réforme.

Mais face au tollé et des manifestations dans plusieurs villes, le président avait reconnu sa «bourde» et M. Arafat avait réintégré le gouvernement.

Adversaires et partisans lui reconnaissent d'être «un animal politique». «Moi, ce que j'ai et qui dérange, c'est que quand je crois vraiment en un objectif j'insiste beaucoup. J'essaie de rallier la population et les forces politiques», avait-il déclaré à l'AFP en 2009.

Marié et père de deux filles, M. Basescu reconnaît avoir commis des «erreurs» durant son mandat. Il estime notamment avoir perdu des soutiens après que sa fille cadette Elena, surnommée la «Paris Hilton des Carpates», se fut présentée aux élections européennes, bénéficiant selon la presse du fort soutien du PDL, le parti de son père.