Après les critiques de l'Union européenne sur les atteintes à l'État de droit, les Roumains devront décider dimanche s'ils approuvent ou pas la destitution de leur président en place depuis huit ans, Traian Basescu, dont les sympathisants ont appelé au boycottage du référendum.

Quelque 18 millions d'électeurs sont appelés à voter en Roumanie, mais aussi à l'étranger, notamment en Espagne et en Italie où vivent des centaines de milliers d'émigrants roumains.

La participation sera cruciale puisque le résultat de cette consultation ne sera validé que si 50% plus un des électeurs inscrits viennent déposer leur bulletin de vote dans l'urne, selon une décision de la Cour constitutionnelle.

Un seuil qui paraît difficile à atteindre, notent les analystes politiques, dans un pays où l'abstention bat des records sur fond de désenchantement face à une classe politique accusée de négliger le bien public et de fonctionner sur une base clientéliste.

Des bureaux de vote supplémentaires seront ouverts sur le littoral de la Mer Noire. Les vacanciers pourront donc aller voter dans des endroits aussi inattendus que les restaurants Pelican, Aurora ou Aqua Magic, l'opposition dénonçant des risques de fraude.

«Allez voter, destituez-le», proclament des banderoles accrochées dans toute la ville de Bucarest par l'Union sociale-libérale (USL), la coalition de centre gauche arrivée au pouvoir en mai à Bucarest et qui a lancé de manière expéditive la procédure de destitution au début du mois de juillet.

L'USL s'est fortement mobilisée pour réussir à convaincre au moins neuf millions de personnes d'aller voter et voir son rival de centre-droit débarqué.

M. Basescu est très impopulaire dans le pays et selon certains sondages, deux Roumains sur trois souhaitent le voir partir.

«Nous ne devons pas oublier qu'on ne peut instaurer une démocratie solide et durable sans l'exercice par le plus grand nombre de citoyens du droit de vote», a lancé vendredi soir, juste avant la clôture de la campagne, Crin Antonescu, un des chefs de file de l'USL.

M. Antonescu est actuellement président intérimaire depuis la suspension du président Basescu par les parlementaires le 6 juillet.

Si la destitution du chef de l'État est prévue par la Constitution, la manière dont elle a été menée a suscité les critiques d'ONG de défense de l'État de droit en Roumanie, mais aussi de l'Union européenne et des États-Unis.

Bruxelles a estimé que le gouvernement roumain de centre-gauche et la majorité avaient porté atteinte «de manière systématique» à l'État de droit notamment en attaquant la Cour constitutionnelle et ses juges ainsi qu'en révoquant le médiateur.

M. Basescu et son parti démocrate-libéral (PDL, centre droit, opposition) ont appelé au boycottage du référendum pour ne pas «légitimer un coup d'État».

Une tactique dénoncée comme «anti démocratique» par l'opposition.

L'issue de la crise politique qui secoue la Roumanie demeure incertaine.

Si le seuil de participation n'est pas atteint, le résultat du référendum sera invalidé et le président Basescu devrait continuer son mandat jusqu'en 2014.

Mais la cohabitation avec l'USL, surtout après le conflit de juillet sur la destitution, promet d'être pour le moins électrique.

Si le seuil de participation est atteint et qu'une majorité se prononce pour le départ de M. Basescu comme l'anticipent les sondages, des élections présidentielles devront être alors organisées dans la foulée.