Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a rendu hommage jeudi aux victimes du massacre de Srebrenica, en Bosnie orientale, tuerie perpétrée en 1995 et qualifiée de génocide par la justice internationale, a rapporté une journaliste de l'AFP.

M. Ban est le premier secrétaire général de l'ONU qui se soit recueilli au centre mémorial de Potocari, près de Srebrenica, où reposent plus de 5600 victimes du massacre, enterrées après avoir été exhumées de fosses communes et identifiées.

Accompagné par Bakir Izetbegovic, le représentant musulman de la présidence tripartite de Bosnie-Herzégovine, M. Ban a déposé une gerbe de fleurs et s'est incliné devant un monument sur lequel sont gravés les noms des victimes enterrées.

Le chef de l'ONU devait ensuite s'entretenir avec des survivants du massacre.

Peu avant sa visite, l'Association des mères de Srebrenica avait qualifié la venue de M. Ban de «très importante, car un génocide a été commis sous le drapeau de l'ONU».

«Si (...) Ban Ki-moon et d'autres peuvent s'incliner devant les victimes (...) ils tireront les leçons du passé et Srebrenica ne pourra se reproduire nulle part ailleurs», avait déclaré Munira Subasic, présidente de l'Association et qui a perdu 22 membres de sa famille, dont son époux et son fils, dans ce massacre.

Des représentantes d'une autre association, le Mouvement des mères des enclaves de Srebrenica et Zepa, se sont montrées très critiques à l'adresse de l'ONU.

«Il n'y aura pas de justice tant que quelqu'un de l'ONU ne répondra pour ce génocide et tant que l'ONU se cachera derrière son immunité. L'ONU aurait dû protéger Srebrenica, mais un génocide a eu lieu», a déclaré jeudi à la presse Hajra Catic, qui a perdu son mari et son fils à Srebrenica.

Peu avant la fin du conflit intercommunautaire de Bosnie (1992-95), les forces serbes de Bosnie ont tué environ 8000 hommes et garçons musulmans, en l'espace de quelques jours, après avoir pris le contrôle de Srebrenica le 11 juillet 1995.

Présents à Srebrenica, région déclarée «zone protégée par l'ONU», des Casques bleus néerlandais en petit nombre et mal armés ne sont pas intervenus pour empêcher le massacre.

Mercredi, dans un discours devant le Parlement bosnien, M. Ban a affirmé que «les Nations unies n'ont pas été à la hauteur de ses responsabilités» durant la guerre de Bosnie et admis que la «communauté internationale a échoué à empêcher le génocide» de Srebrenica.

M. Ban qui achève par cette visite une tournée d'une semaine dans les pays de l'ex-Yougoslavie, a souligné que Srebrenica «résonne comme l'un des chapitres les plus noirs de l'histoire moderne».

Après avoir échappé pendant des années à la justice, les anciens chefs politique et militaire des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, accusés d'avoir organisé le massacre, sont actuellement jugés pour génocide par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie.