Ban Ki-moon entame jeudi un voyage dans les Balkans, dont les points forts seront les visites pour la première fois d'un secrétaire général de l'ONU au Kosovo depuis la proclamation de son indépendance en 2008, ainsi qu'à Srebrenica (Bosnie), site du génocide perpétré en 1995 que les troupes de l'ONU n'ont pu empêcher.    

M. Ban se rendra en Slovénie, en Croatie, au Monténégro et lundi en Serbie. Il ira ensuite au Kosovo et en Macédoine et achèvera sa tournée le 26 juillet en Bosnie.

Son prédécesseur, Kofi Annan, avait visité la région fin 2002.

Sur les six républiques qui composaient l'ex-Yougoslavie avant son éclatement sanglant dans les années 1990, la Slovénie est devenue membre de l'Union européenne en 2004, la Croatie y adhérera en 2013. Les quatre autres se trouvent à des étapes différentes sur le chemin de l'intégration.

L'annonce de la visite de M. Ban au Kosovo a, dans un premier temps, inquiété Belgrade qui voyait d'un mauvais oeil une éventuelle « visite dans un État kosovar ».

M. Ban a précisé à la presse qu'il se rendait auprès de la mission de l'ONU (MINUK) au Kosovo, un cadre acceptable pour les autorités serbes. « Ma visite au Kosovo (...) sera organisée en accord avec la résolution 1244 du Conseil de sécurité », a-t-il déclaré. À Pristina, outre les responsables de la MINUK, il s'entretiendra avec les autorités kosovares.

Adoptée en juin 1999, la résolution 1244 du Conseil de sécurité - qui définit les modalités de la fin du conflit au Kosovo (1998-99) - autorise un déploiement militaire et civil international dans ce territoire, dans le cadre d'une opération de maintien de la paix.

La résolution prévoit une « autonomie substantielle » pour le Kosovo au sein de ce qui était alors la République fédérale de Yougoslavie (RFY : Serbie et Monténégro). Elle reconnaît « la souveraineté et l'intégrité territoriale » de la RFY et évoque l'établissement ultérieur d'un statut final du Kosovo sans mentionner l'éventualité de son indépendance.

À ce jour, l'indépendance du Kosovo a été reconnue par 91 des 193 pays membres de l'ONU.

À Belgrade le 23 juillet, M. Ban s'entretiendra avec le président Tomislav Nikolic et le premier ministre désigné Ivica Dacic.

En Bosnie, dernière étape de sa tournée, M. Ban se rendra notamment au mémorial de Potocari (est) où à ce jour sont enterrées plus de 5600 victimes du massacre de Srebrenica, identifiées après avoir été exhumées de fosses communes.

Les forces serbes de Bosnie avaient tué en juillet 1995, 8000 hommes et garçons musulmans, en quelques jours, après avoir pris le contrôle de Srebrenica, enclave alors sous la protection de l'ONU.

L'incapacité des Nations unies d'empêcher ce massacre restera à jamais gravée dans la conscience de l'ONU et de la communauté internationale, a dit M. Ban dans une interview. « Ces gens ont été victimes d'un génocide. Et (...) cela hantera la communauté internationale pour longtemps ».

Ce massacre a été qualifié de génocide par la justice internationale.

« Personne ne peut nous rendre nos morts, mais si quelqu'un comme Ban Ki-moon et d'autres peuvent venir s'incliner devant les victimes et dire qu'ils sont désolés pour ce qui s'est produit, alors ils tireront les leçons du passé et Srebrenica ne pourra se reproduire nulle part ailleurs », a déclaré Munira Subasic, la présidente d'une association regroupant des survivants du massacre.

Après avoir échappé pendant des années à la justice, les ex-chefs politique et militaire des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, accusés d'avoir organisé cette tuerie, sont actuellement jugés pour génocide par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie.