Le criminel de guerre nazi le plus recherché au monde, le Hongrois Laszlo Csatary, âgé de 97 ans, a été « assigné à résidence » par un juge d'instruction militaire sous l'accusation d'avoir participé à la déportation de 15 700 juifs vers le camp d'extermination nazi d'Auschwitz, en Pologne, de 1941 à 1944, a annoncé son avocat.

« Assigné à résidence pour 30 jours », selon son avocat, Gabor Horvath, Laszlo Csatary avait été arrêté mercredi à l'aube par la police et a « plaidé non-coupable », arguant avoir « obéi aux ordres », avait auparavant indiqué le Procureur de Budapest, Tibor Ibolya.

« Il a nié être coupable des crimes qu'on lui reproche. L'un de ses arguments de défense est qu'il a obéi aux ordres », avait indiqué Me Ibolya.

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« Arrêté » à l'aube par la police, Laszlo Csatary est interrogé par un magistrat sur la base d'un éventuel chef d'accusation de « crimes de guerre » qui pourrait lui être signifié à l'issue de ses auditions, a précisé le Procureur au cours d'une conférence de presse.

« Compte tenu de la gravité des faits, mais aussi de la nécessité de respecter la présomption d'innocence et, en raison de son âge, de veiller à sa santé, ce magistrat pourrait, dans un premier temps, l'assigner à résidence ». « Dans ce cas, la police lui retirera son passeport », a-t-il ajouté.

« Le suspect est en bonne santé physique et mentale. Il est coopératif. Il était surpris, mais il s'attendait à être interrogé », a encore indiqué le Procureur.

Laszlo Csatary était le chef de la police du ghetto juif de la ville aujourd'hui slovaque de Kosice (Kassa en hongrois, Kaschau en allemand), où 15 700 juifs avaient été pour certains assassinés et pour l'immense majorité déportés vers le camp d'extermination nazi d'Auschwitz, en Pologne, pendant l'occupation par l'Allemagne nazie et son allié hongrois de ce qui était alors la Tchécoslovaquie.

Le suspect coulait des jours tranquilles à Budapest depuis 17 ans sous sa véritable identité, et cela en dépit des informations sur son passé transmises à la justice hongroise depuis plus de dix mois par le Centre Simon-Wiesenthal, basé à Jérusalem.

En avril, le Centre Simon-Wiesenthal, du nom du célèbre chasseur de nazis, juif autrichien décédé en 2005, et dont les enquêtes dans le monde entier ont permis de retrouver des dizaines de criminels nazis, avait placé Laszlo Csatary en tête de sa liste des criminels de guerre nazis les plus recherchés au monde.

«Cet homme est en bonne santé et il conduit lui-même sa voiture», avait déclaré le 16 juillet à l'AFP Efraïm Zuroff, directeur du Centre Simon-Wiesenthal à Jérusalem. «Le temps qui passe ne diminue en rien sa culpabilité et la vieillesse ne doit pas constituer une protection pour les auteurs de l'Holocauste».

Alimentés en informations par le Centre Simon-Wiesenthal, des reporters du quotidien britannique The Sun avaient retrouvé la trace de l'ancien chef de police et avaient réussi à le rencontrer. Selon l'article publié le 15 juillet sur le site en ligne du Sun, le présumé criminel de guerre nazi avait déclaré aux reporters : « Je n'ai rien fait, partez d'ici », avant de leur claquer la porte au nez.

Laszlo Csatary, de son nom complet Laszlo Csizsik-Csatary, va être interrogé sur la base d'un chef d'accusation de «crimes de guerre» qui pourrait lui être signifié à l'issue de son audition, a précisé le Parquet lequel a annoncé une conférence de presse dans l'heure.

D'après les documents d'archives du Centre, Laszlo Csatary a traité cruellement les juifs du ghetto, fouettant les femmes et leur faisant creuser des tranchées à mains nues.

Le 17 juillet, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, sans évoquer explicitement l'affaire Csatary, mais par réference à de nombreux incidents antisémites en Hongrie, s'était inquiété de la résurgence de l'antisémitisme lors d'une rencontre à Jérusalem avec le président hongrois Janos Ader.

Avant de revenir à Budapest, celui qui avait été condamné à mort par contumace en 1948 en Tchécoslovaquie, s'était réfugié au Canada, à Montréal et Toronto, où, sous une fausse identité, il était marchand d'art. En 1995, les autorités canadiennes avaient découvert sa véritable identité et il s'était alors enfui en Hongrie. Avant sa fuite, il avait reconnu devant des enquêteurs canadiens sa participation à la déportation de juifs, tout en affirmant que son rôle avait été «limité».