Ici, tout le monde attend le verdict qui sera prononcé le 24 août contre Anders Behring Breivik, tueur d'Utøya.

Le procès de 10 semaines, amorcé le 16 avril, s'est terminé le 22 juin, laissant le pays épuisé, triste, vaguement inquiet.

Anders Behring Breivik sera-t-il reconnu coupable de meurtre prémédité ou sera-t-il déclaré malade? Voilà la question au coeur du processus.

En gros, le tueur a reconnu ses crimes, mais il a plaidé non coupable, car il croit que ses actes étaient justifiés pour sauver la Norvège d'une transformation inacceptable. Sa phobie: tout ce qui touche le multiculturalisme, l'islam, l'égalité hommes-femmes. Dans sa ligne de mire: les Norvégiens d'origine immigrante en général, les musulmans en particulier, les femmes vivant selon ce qu'il a appelé «la mentalité Sex and the City» et tous ceux qui encouragent le changement de la Norvège vers ce nouveau modèle culturellement ouvert et égalitaire... C'est pourquoi il a tué de jeunes militants d'un parti politique de gauche, grands responsables, selon le tueur, de ce phénomène.

S'il est déclaré malade et donc pénalement irresponsable de ses actes, il ira en institution psychiatrique, comme le cardiologue Guy Turcotte. S'il est déclaré coupable et sain d'esprit, il ira en prison pour la peine maximum de 21 ans. Toutefois, la loi prévoit des mesures spéciales pour garder en prison, au-delà de cette limite, une personne jugée trop dangereuse.

En tout, explique le psychologue Pål Grøndahl, sept diagnostics psychiatriques différents ont été entendus par la cour. Mais parmi les 37 psychiatres qui ont témoigné, précise le socioanthropologue Sindre Bangstad, spécialiste de l'extrême droite, seulement deux ont clairement déclaré que Breivik était réellement malade, souffrant de schizophrénie paranoïde, quand il a commis ses gestes.

Devant cette absence de consensus, plusieurs commentateurs croient que le juge n'aura pas le choix de laisser de la place, dans son jugement, à la possibilité que le tueur ne soit pas sain d'esprit, ce qui a lancé un débat sur le rôle et le pouvoir des psychiatres dans les causes criminelles.

Anders Giaever, chroniqueur au quotidien VG, ne croit pas que la société norvégienne soit très polarisée au sujet de Breivik. «Neuf personnes sur dix croient qu'il peut aller en prison. Il y a un risque théorique, s'il est déclaré fou.»