La Cour constitutionnelle de Roumanie a validé lundi le vote du Parlement sur la suspension du chef de l'Etat Traian Basescu et nommé le leader de la majorité de centre gauche Crin Antonescu président intérimaire, ouvrant la voie à la tenue d'un référendum le 29 juillet.

«La Cour constate que la procédure de suspension de ses fonctions du président de Roumanie Traian Basescu a été respectée (...) et que la fonction de président intérimaire sera assurée par Crin Antonescu», indique la Cour dans son arrêt, publié après 8 heures de délibérations.

«La Roumanie est un Etat de droit, le Parlement et le gouvernement ont respecté les règles démocratiques,» a déclaré le Premier ministre Victor Ponta aussitôt après l'annonce de la Cour alors que les critiques internationales et d'ONG en Roumanie s'étaient multipliées ces derniers jours.

La Cour constitutionnelle elle-même avait lancé un cri d'alarme mardi en se plaignant d'attaques sans précédent du gouvernement.

Le Parlement avait voté vendredi à une large majorité en faveur de la destitution de M. Basescu, à l'issue d'une semaine où la crise politique entre le président et la coalition de centre-gauche arrivée au pouvoir en mai avait connu une puissante accélération.

Cette destitution doit encore être validée par un référendum le 29 juillet.

Les magistrats de la Cour ont par ailleurs estimé que les contestations introduites par le Parti démocrate-libéral (PDL, opposition) sur la légalité des révocations des présidents des deux chambres du Parlement n'étaient pas «admissibles», comme s'y attendaient des juristes pour des raisons de procédure.

La majorité au pouvoir avait procédé mardi, au début de son offensive pour une destitution de M. Basescu, à la révocation des présidents du Sénat, Vasile Blaga, et de la Chambre des députés, Roberta Anastase, tous deux membres de l'opposition démocrate-libérale, et à leur remplacement respectivement par Crin Antonescu et Vasile Zgonea.

La Cour a néanmoins jugé «inconstitutionnelle» une loi limitant ses propres pouvoirs de contrôle sur les décisions du Parlement, ce qui, selon des juristes, laisse ouverte une porte pour que M. Blaga et Mme Anastase contestent leur destitution.

Les juges doivent encore se prononcer mardi sur la destitution de l'avocat du peuple et sur une loi modifiant les conditions de validation du référendum.

Selon ce texte, le chef de l'Etat sera démis si cette proposition recueille la majorité des suffrages exprimés.

Depuis 2010, la loi requérait la majorité des inscrits.

L'Allemagne avait qualifié d'«inacceptable» lundi la procédure de destitution de M. Basescu, estimant qu'elle violait les principes de l'Etat de droit.

«Les démarches du gouvernement roumain du Premier ministre (Victor) Ponta et la procédure de destitution du président (Traian) Basescu sont inacceptables», a déclaré le porte-parole du gouvernement Steffen Seibert.

M. Ponta a toutefois relativisé ces critiques, arguant que le vote des Roumains viendra «éclaircir la situation».

«Ce n'est pas Mme Merkel qui votera le 29 juillet (...) et je ne crois pas que quelqu'un en Europe va contester un vote démocratique exprimé par le peuple», a-t-il déclaré.

«Mme Merkel et les chrétiens-démocrates allemands soutiennent encore Traian Basescu et le PDL parce qu'ils ont toujours cru dans l'austérité (...)», a ajouté M. Ponta.

M. Basescu, élu pour la première fois en 2004, avait déjà été suspendu par le Parlement en 2007, mais avait survécu au référendum de destitution.

Mais sa cote de confiance s'est depuis effondrée, en raison notamment de la cure d'austérité imposée en 2010, en accord avec l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI), et de sa tentative de passage en force d'une réforme controversée de la santé.

Si sa destitution est validée, une élection présidentielle anticipée sera organisée dans un délai de 90 jours.