La société France Télécom a été mise en examen (inculpée) vendredi pour harcèlement moral dans l'enquête sur une vague de suicides survenue en 2008 et 2009 chez l'opérateur français de télécommunications, a indiqué à l'AFP son avocate Me Claudia Chemarin.                                                                

Il s'agit de la première mise en examen pour ce motif d'une grande entreprise en France.

L'ancien patron du groupe de 2005 à 2010, Didier Lombard, avait été le premier à être mis en examen mercredi, suivi jeudi par l'ex-numéro deux Louis-Pierre Wenes et l'ancien directeur des ressources humaines Olivier Barberot.

« L'entreprise va enfin pouvoir se défendre deux ans après l'ouverture de l'enquête. France Télécom conteste avoir mis en place un système destiné à créer des souffrances chez ses salariés », a déclaré l'avocate.

La mise en examen de France Telecom est « une décision attendue et prévisible », a-t-elle ajouté, précisant que le fond du dossier n'avait pas été abordé vendredi.

La plainte d'un syndicat de salariés fin 2009 suivie d'un rapport de l'inspection du travail en 2010 avaient conduit à l'ouverture d'une information judiciaire pour harcèlement moral en avril 2010. Selon les syndicats et la direction, 35 suicides de salariés de l'entreprise se sont produits en 2008 et 2009.

Le rapport de l'inspection du travail mettait en exergue le harcèlement managérial dont étaient victimes les salariés qui avaient commencé leur carrière au moment où France Télécom était une entreprise publique non soumise à la concurrence, et qui étaient incités à changer de métier ou à quitter l'entreprise.

Le groupe a « mis en oeuvre des méthodes de gestion du personnel qui ont eu pour effet de fragiliser psychologiquement les salariés et de porter atteinte à leur santé physique et mentale », selon ce rapport.

« Je suis conscient que les bouleversements qu'a connus l'entreprise ont pu provoquer des secousses ou des troubles. Mais je conteste avec force que les plans indispensables à la survie de l'entreprise aient pu être la cause des drames humains cités à l'appui des plaintes », avait dit M. Lombard, dans une récente tribune publiée par le quotidien Le Monde.

Le secteur des télécommunications en France a été ouvert à la concurrence en 1998. France Télécom est devenu en 1996 une société anonyme dont l'État français est le seul actionnaire.