Le conflit des mineurs espagnols, en grève depuis deux mois, a redoublé de violence vendredi avec de nouveaux affrontements dans le nord du pays qui ont fait deux blessés, pendant que la « marche noire » s'approche de Madrid, où elle doit arriver mardi soir.

Près d'Oviedo, au coeur des bassins miniers des Asturies, de nouvelles scènes d'émeutes ont opposé vendredi des groupes de mineurs aux forces de l'ordre.

Le visage masqué par des foulards ou des cagoules, les mineurs ont dressé des barrages routiers autour de la localité de Caborana, proche d'Oviedo, allumant des incendies de pneus qui dégageaient d'épaisses fumées.

Les incidents se sont poursuivis une grande partie de la journée, les mineurs bombardant de leurs fusées artisanales les policiers, casqués et protégés par leurs boucliers, qui ripostaient avec des jets de grenades lacrymogènes, a rapporté un photographe de l'AFP.

Depuis plusieurs semaines, le conflit ne cesse de gagner en violence : les mineurs, qui protestent contre la réduction des aides publiques, se disent prêts à aller jusqu'au bout pour défendre leur métier, menacé d'extinction.

Ils ont annoncé des « actions radicales » après une nouvelle réunion lundi, sans résultat, avec le gouvernement.

Jeudi, une femme et une petite fille de cinq ans qui se trouvaient dans leur maison avaient été blessées à Pola de Lena, une localité des Asturies où se déroulaient des affrontements dans les rues.

« La petite fille a été blessée par des bris de verre lorsqu'une balle de caoutchouc », le type de munitions utilisées par la police anti-émeutes, « a traversé une vitre de son domicile » et la femme, dans une autre maison, « a reçu un projectile lancé par les mineurs », a déclaré un porte-parole de la préfecture des Asturies.

Toutes deux ont été hospitalisées.

Vendredi matin, les violences ont repris. Des incidents ont éclaté lorsque les mineurs ont coupé une route aux environs du puits de Santiago, à Caborana, « empêchant la circulation des personnes et bloquant certains transports sanitaires », selon les autorités régionales.

Deux gardes civils ont été blessés, « brûlés par des explosions de fusées », et six manifestants interpellés lorsque les forces de l'ordre ont tenté de débloquer la route, a indiqué un communiqué de la garde civile.

En même temps, deux colonnes rassemblant environ 200 mineurs, parties le 22 juin l'une de Castille et Leon et des Asturies, dans le nord-ouest de l'Espagne, l'autre d'Aragon dans le nord-est, marchaient vers Madrid où ils doivent arriver mardi soir après avoir parcouru environ 500 kilomètres à pied.

Une manifestation dans la capitale est prévue mercredi.

« Ils ont le moral au plus haut parce qu'ils espèrent que quand ils arriveront à Madrid, ils obligeront le gouvernement à modifier les mesures visant à fermer les mines », a expliqué un responsable du syndicat UGT, Jose Mesa.

« De plus, ils rencontrent un fort soutien populaire dans les villages, les gens leur donnent à manger, les soutiennent, les laissent dormir dans des salles de sport », a-t-il ajouté.

En pleine restructuration depuis 20 ans, les mines de charbon espagnoles ont progressivement fermé. Une quarantaine sont encore en activité, principalement dans le nord, faisant travailler 8000 mineurs.

Mais le charbon espagnol, plus cher que le charbon importé, dépend des subventions de l'État, qui sur décision de Bruxelles prendront fin en 2018.

Ajoutant à ce déclin, le gouvernement conservateur, engagé dans une rude chasse au déficit, a décidé de réduire de 63 %, de 301 millions d'euros en 2011 à 111 millions (377 millions de dollars à 127 millions) cette année, les aides au secteur.

De quoi condamner, selon les mineurs, jusqu'à 30 000 emplois directs ou indirects, dans des régions dont l'économie bat au rythme de la mine depuis des générations.