L'accident du vol d'Air France Rio-Paris, qui a fait 228 morts le 1er juin 2009, a été causé par une combinaison de facteurs techniques et humains, selon les conclusions d'un rapport officiel dévoilé jeudi.

Le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), organisme d'État français chargé des investigations en matière de sécurité aérienne, émet 41 recommandations de sécurité à l'adresse du constructeur Airbus et de la compagnie Air France.

Il pointe du doigt à la fois des défaillances résultant de l'ergonomie de l'avion (un Airbus A330) et des actions inappropriées des pilotes aux commandes soumis à un fort stress.

S'agissant du point de départ de la catastrophe, le BEA retient définitivement : le givrage des sondes de vitesse Pitot (fabriquées par Thales) qui a conduit à une incohérence temporaire entre les vitesses mesurées.

« L'équipage était dans un état de perte quasi totale de la situation », a déclaré Alain Bouillard, directeur de l'enquête lors d'une conférence de presse.

Si les enquêteurs soulignent une mauvaise gestion de surprise et une incompréhension totale de la situation, ils notent aussi un défaut de leur formation.

Les recommandations de sécurité visent à la fois la compagnie et le constructeur.

Le BEA insiste notamment sur l'importance de « la formation et l'entraînement des pilotes pour qu'ils aient une meilleure connaissance des systèmes d'avion en cas de situation inhabituelle ».

« Huit recommandations concernent la formation des pilotes et cinq la certification des avions », a précisé le directeur du BEA, Jean-Paul Troadec.

Ce rapport technique ne présage en rien d'éventuelles conclusions de la justice française attendues ultérieurement. Air France et Airbus sont tous deux mis en examen depuis mars 2011 pour « homicides involontaires ».

Un accident qui aurait pu arriver à d'autres équipages

L'accident de l'Airbus A330 aurait « sans doute » pu arriver à d'autres équipages, a estimé le directeur du BEA.

« Si le BEA pensait que cet accident était dû uniquement à l'équipage, on n'aurait pas fait de recommandations sur les systèmes, sur la formation, etc. Ce qui veut dire que cet accident aurait sans doute pu arriver à d'autres équipages », a déclaré Jean-Paul Troadec lors d'une conférence de presse.

M. Troadec a insisté: « deux événements ont conduit à l'accident, l'obstruction des sondes de vitesse Pitot et la non-reconnaissance du décrochage ».

Airbus prendra « toutes les mesures » nécessaires 



Le transporteur aérien Airbus a promis jeudi qu'il prendrait « toutes les mesures » nécessaires pour améliorer la sécurité aérienne, après la remise du rapport définitif du Bureau d'enquêtes et d'analyses, sur les causes de l'accident de l'avion du vol Air France Rio-Paris.

Airbus assure dans un communiqué qu'il « prendra toutes les mesures qui permettront de contribuer à cet effort collectif en faveur de l'optimisation de la sécurité aérienne ».

Le groupe « a déjà commencé à travailler au niveau industriel afin de renforcer les exigences relatives à la résistance des sondes Pitot » mises en cause dans l'accident, ajoute Airbus.