Le premier ministre turc a tenu une réunion de crise au sommet après la disparition vendredi d'un avion de chasse turc près de la Syrie, abattu selon la presse turque par les forces syriennes, un incident qui pourrait avoir de graves répercussions dans le contexte de la crise syrienne.    

Recep Tayyip Erdogan a retrouvé à Ankara le chef de l'état-major, le général Necdet Özel, le ministre de l'Intérieur, Idris Naim Sahin, le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, le ministre de la Défense, Ismet Yilmaz, et le chef des services secrets, Hakan Fidan.

Objectif de la réunion : élucider les circonstances de la chute de l'appareil, un avion d'attaque F-4, au large des côtes syriennes, et discuter de la réponse à y apporter.

Alors qu'il rentrait en Turquie après un sommet du G-20 au Mexique et une visite au Brésil, M. Erdogan a confié à des journalistes présents à bord de son avion que Damas avait présenté des excuses à Ankara, confirmant implicitement que l'appareil a été abattu par la Syrie, a rapporté le quotidien Habertürk.

Le premier ministre a « affirmé que des excuses étaient arrivées de manière très sérieuse de Syrie en lien avec cet événement, que la Syrie avait fait part de sa grande tristesse et du fait qu'il s'agissait d'une erreur », a affirmé l'éditorialiste de Habertürk Fatih Altayli, présent à bord de l'avion.

« En ce moment, nos forces aériennes et notre marine effectuent des opérations de recherche et de sauvetage en Méditerranée orientale et heureusement nos pilotes sont en vie, nous avons seulement perdu un avion », a ajouté le chef de gouvernement, cité par cette même source.

À son arrivée à Ankara, M. Erdogan a cependant refusé devant la presse de confirmer ces propos.

« Je ne peux pas dire que notre avion a été abattu. Parce qu'il n'est pas possible à ce stade de dire cela avant d'avoir en main des renseignements catégoriques », a déclaré le premier ministre en réponse à une question.

Interrogé sur des excuses de Damas, il s'est pareillement abstenu de répondre par manque de « renseignements catégoriques ».

M. Erdogan a toutefois indiqué que l'avion s'était abîmé en mer à huit milles nautiques (15 km) au large de la ville syrienne de Lattaquié. Il a précisé que la Turquie menait des recherches avec quatre navires et des hélicoptères, et que la Syrie faisait de même.

L'état-major avait auparavant annoncé la perte de contact radio et radar avec l'avion « à 11 h 58 (4 h 58, heure de Montréal) en mer au sud-ouest de la province de Hatay (sud) », riveraine de la Syrie.

Interrogé par l'agence de presse Anatolie, le gouverneur de Malatya, Ulvi Saran, a indiqué que l'appareil en question était un avion d'attaque F-4, avec deux pilotes à son bord.

Après avoir entretenu de bonnes relations politiques et économiques avec la Syrie, la Turquie, pays musulman membre de l'OTAN et allié de Washington, a coupé les ponts avec le régime de Bachar al-Assad, à la suite de la répression sanglante des manifestations antigouvernementales dans ce pays.

M. Erdogan a appelé le président syrien à abandonner le pouvoir.

Et en avril, il a prévenu que la Turquie pourrait invoquer l'article 5 du traité de l'OTAN pour protéger sa frontière avec la Syrie, après des tirs des forces syriennes vers le sol turc.

L'article 5 du traité de l'Atlantique Nord stipule que si un pays de l'OTAN est victime d'une attaque, chaque membre de l'Alliance doit considérer cet acte comme une attaque dirigée contre l'ensemble des membres et doit prendre les mesures nécessaires pour venir en aide au pays allié attaqué.