Le président socialiste François Hollande, qui appelait ses concitoyens à doter la gauche d'une confortable majorité à l'Assemblée nationale, est en bonne position pour voir son voeu se réaliser à l'issue des élections législatives françaises.

Lors du premier tour du scrutin, marqué hier par un taux d'abstention record de près de 42%, le Parti socialiste et les formations apparentées ont remporté 34,4% des voix, selon des projections de la firme Ipsos. Avec leurs alliés écologistes, à 5,7% des voix, et le Front de gauche, à 6,8%, le total de la gauche devait atteindre près de 47%.

L'Union pour un mouvement populaire (UMP) et ses alliés à droite ont parallèlement récolté 34,6% des voix, en baisse de près de 10 points par rapport au scrutin de 2007 qui avait suivi l'élection de l'ancien chef d'État, Nicolas Sarkozy. Le Front national a recueilli 13,7% des votes, plus du triple du résultat obtenu il y a cinq ans. Le Modem, parti centriste de François Bayrou, a dû se contenter d'un score de moins de 2%.

Sur la base de ces résultats, Ipsos projetait hier que le Parti socialiste pourrait disposer d'un total de 283 à 319 sièges alors que les écologistes hériteraient de 8 à 14 sièges. Le camp de François Hollande se trouve donc en position de contrôler la majorité des 577 sièges de l'Assemblée nationale après le second tour, prévu dimanche prochain, sans avoir à dépendre des formations d'extrême gauche réunies dans le Front de gauche.

Autre sujet de satisfaction pour le camp socialiste: la plupart des ministres ont été élus au premier tour ou semblaient en bonne position pour le second. Le premier ministre Jean-Marc Ayrault avait prévenu que tout membre du gouvernement défait aux élections législatives devrait abandonner ses fonctions.

Lors d'une brève allocution suivant l'annonce des résultats, le chef du gouvernement a pressé les électeurs de se mobiliser en grand nombre dimanche prochain.

«Si le président dispose d'une majorité large et cohérente, le changement pourra être mis en oeuvre. Si ce n'est pas le cas, le redressement du pays dans la justice ne se fera pas», a-t-il prévenu.

La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a souligné de son côté que les électeurs avaient apprécié que le nouveau gouvernement mette rapidement en place plusieurs mesures promises par le président durant sa campagne.

Les ténors de la droite ont martelé pour leur part qu'il n'y avait pas eu de «vague rose» dans le pays et qu'il n'existait pas de véritable «appétence» pour la gauche et pour François Hollande. En obtenant selon Ipsos de 227 à 266 sièges, ils enregistrent un recul marqué par rapport à 2007.

Les dirigeants de l'UMP doivent se réunir aujourd'hui en bureau politique pour décider de la stratégie à suivre dans l'entre-deux tours.

Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, a précisé que le parti maintiendrait ses candidats partout où ce sera possible. Il n'a pas voulu dire clairement si sa formation appellerait à soutenir la gauche dans les circonscriptions où la formation d'extrême droite se retrouve en duel avec un représentant socialiste.

La dirigeante du Front national, Marine Le Pen, est arrivée première dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais avec 42% des voix, devançant de loin le représentant du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, à l'issue d'une campagne très médiatisée. Le tribun, arrivé derrière le candidat socialiste Philippe Kemel, a annoncé qu'il se désistait à son profit dans l'espoir d'empêcher la victoire de la politicienne au second tour.

Le Front national, qui est pénalisé par la nature du scrutin uninominal à deux tours, ne peut espérer plus qu'un siège ou deux à l'Assemblée nationale à l'issue du second tour du scrutin, a souligné hier Ipsos. Il devait cependant réussir à maintenir des candidats dans une soixantaine de circonscriptions où le nombre de votes en sa faveur a excédé 12,5% des électeurs inscrits.

Le scrutin s'est avéré particulièrement difficile pour le chef du Modem, François Bayrou, qui se retrouve confronté à deux candidats au second tour. Son parti, qui compte trois députés, risque d'être rayé de la carte à l'issue des élections législatives.

«Le deuxième tour sera une rude bataille. L'enjeu (...) est qu'il y ait à l'Assemblée nationale des voix libres et pas seulement des députés inféodés à l'un ou l'autre des grands partis», a-t-il souligné.