Le président français François Hollande tente de convertir sa victoire contre le chef d'État sortant Nicolas Sarkozy en majorité parlementaire lors d'élections législatives cruciales pour son projet politique.

En prévision du premier tour du scrutin, prévu dimanche, le chef d'État socialiste a appelé avec insistance ses partisans à se mobiliser pour donner au Parti socialiste et à ses alliés une confortable majorité à l'Assemblée nationale.

«Je ne parviendrai à conduire le changement que si je dispose d'une majorité», a prévenu le dirigeant français, qui veut à tout prix éviter une cohabitation avec l'Union pour un mouvement populaire (UMP), la famille politique de Nicolas Sarkozy.

Le parti de droite maintient qu'il peut s'imposer à l'Assemblée nationale malgré la défaite de son ancien champion au scrutin présidentiel. Mais les sondages laissent présager une confortable victoire de la gauche.

François Hollande espère atteindre une majorité absolue des 577 sièges en jeu avec l'appui des écologistes. Il préférerait ne pas avoir à composer pour gouverner avec le Front de gauche et son représentant, Jean-Luc Mélenchon, qui tente de se faire élire dans une circonscription du Pas-de-Calais face à la chef du Front national, Marine Le Pen.

Le gouvernement dirigé par le premier ministre Jean-Marc Ayrault s'est empressé depuis son entrée en poste de mettre de l'avant une série de mesures susceptibles de plaire à l'électorat de gauche, notamment une hausse de l'allocation de rentrée scolaire et un rétablissement partiel du droit à la retraite à 60 ans.

Les coûts engendrés par ces nouvelles mesures sont décriés par l'UMP, qui accuse le nouveau président de mener le pays droit dans le gouffre alors que la situation économique se dégrade.

«Si la gauche gagne, pendant cinq ans, nous ne pourrons rien faire pour empêcher leur folie», a prévenu pour sa part le secrétaire général du parti, Jean-François Copé.

Les critiques de la droite surviennent alors que la Banque de France vient de réviser à la baisse ses prévisions pour le second trimestre de l'année. Un léger recul du PIB de 0,1% est attendu pour le pays, qui enregistre ainsi un premier trimestre de décroissance en trois ans.

L'UMP, qui dispose actuellement de 305 sièges à l'Assemblée nationale, espère réduire au minimum ses pertes, mais sa tâche est compliquée par la force du Front national.

La formation d'extrême droite, qui récolte 15% des intentions de vote dans les sondages, pourrait être en mesure de maintenir des candidats dans des dizaines de circonscriptions au second tour et diviser le vote au profit du camp socialiste.

L'UMP écarte officiellement toute alliance, nationale ou locale, avec le Front national qui espère, en favorisant la défaite de la droite traditionnelle, entraîner à terme une recomposition de l'opposition en sa faveur.

Le Front national, désavantagé par le système uninominal à deux tours en vigueur, ne compte pour l'heure aucun député à l'Assemblée nationale.

Marine Le Pen, qui aura du mal à remporter sa propre circonscription, affirme que l'élection d'un seul de ses candidats serait une victoire. Deux, prévient-elle, serait «un triomphe et 10, une révolution».

Les analystes surveilleront aussi dimanche le sort du dirigeant du Modem, François Bayrou, qui avait causé la surprise entre les deux tours de l'élection présidentielle en donnant son appui à François Hollande.

Certains ténors socialistes souhaitaient que le parti ne présente pas de candidat dans sa circonscription en reconnaissance de sa décision, mais les dirigeants en ont décidé autrement. Le Modem, qui compte pour l'heure trois députés, en incluant M. Bayrou, pourrait disparaître complètement de l'Assemblée nationale.