Le majordome du pape arrêté le mois dernier dans le scandale Vatileaks des fuites de documents secrets risque jusqu'à 6 ans de prison, mais peut aussi être gracié « à tout moment » par Benoît XVI, a indiqué mardi à la presse un juge du Vatican.

Le majordome, Paolo Gabriele, 46 ans, qui est disposé à coopérer avec les enquêteurs, a été soumis à un « premier interrogatoire formel » mardi, en présence de ses deux avocats, mené par le juge d'instruction Piero Antonio Bonnet, selon le porte-parole du pape, le père Federico Lombardi, M. Gabriele, arrêté le 23 mai en possession de documents secrets et de lettres privées du pape, est soupçonné de vol aggravé et risque d'un an à six ans de prison, a déclaré le juge Paolo Papanti-Pellier, un juge du Vatican qui n'est pas directement concerné par l'enquête.

Selon lui, si le juge d'instruction devait décider d'aller jusqu'à un procès, M. Gabriele serait jugé au Vatican, mais il ne pourrait pas y purger sa peine, car la Cité-État ne possède pas de prison.

Pour le moment, il est hébergé dans une cellule de quatre mètres sur quatre, avec un cabinet de toilette, mais sans téléviseur, dans le bâtiment du tribunal du Vatican.

Selon le juge Papanti-Pellier, le majordome, connu pour sa piété, a assisté à une messe dimanche dernier dans une chapelle du Vatican, accompagné de deux gendarmes, mais « sans menottes ».

« Ses conditions de détention sont dignes, il mange les mêmes plats que la gendarmerie du Vatican; à l'intérieur de la cellule, il y a une fenêtre, un lit, un crucifix et une salle de bain », selon cet expert.

« S'il était condamné, comme le prévoient les accords de Latran (1929) le Vatican demanderait au gouvernement italien qu'il puisse purger sa peine dans une prison italienne », a indiqué le juge Papanti-Pellier.

Selon ce juge, Paolo Gabriele peut être maintenu au maximum pendant 100 jours en détention provisoire. En cas de procès, la durée maximale de détention serait de trois ans. Mais « on n'y arrive jamais, les délais pour un procès au Vatican sont beaucoup plus rapides que ceux de la justice italienne », a noté M. Papanti-Pellier.

En outre, « le pape peut intervenir à n'importe quel moment pour accorder son pardon » à l'inculpé et « au terme du procès, il peut le gracier », a indiqué cet expert, en soulignant que le Code pénal du Vatican est basé sur celui du Royaume d'Italie (1889).

Selon la presse italienne, le majordome n'a pas agi seul ou a peut-être été manipulé, et l'enjeu de la publication de nombreux documents sensibles aurait pour objectif de pousser vers la sortie le numéro deux du Vatican, Tarcisio Bertone, ou de s'en prendre à d'autres membres de l'entourage proche du pape.