Une commission médico-légale a validé lundi la contre-expertise psychiatrique d'Anders Behring Breivik ayant conclu que l'auteur des attaques, qui ont fait 77 morts en Norvège, était suffisamment sain d'esprit pour être tenu pour responsable de ses actes, selon les médias locaux.

Si cette décision est confirmée, le tribunal d'Oslo se trouvera dans une situation inhabituelle avec deux rapports d'experts-psychiatres dûment validés, mais dont les conclusions divergent radicalement.

Une première évaluation officielle réalisée l'an dernier par deux premiers experts avait conclu que l'extrémiste de droite, aujourd'hui âgé de 33 ans, était psychotique, souffrant de «schizophrénie paranoïde», ce qui le condamnait donc à être interné en asile psychiatrique plutôt qu'à se retrouver derrière les barreaux.

Mais une contre-expertise, ordonnée après le tollé suscité par ces conclusions, avait en revanche conclu le mois dernier que Breivik était suffisamment sain d'esprit pour pouvoir être tenu pour responsable de ses actes devant la justice.

Censée valider la qualité de telles évaluations psychiatriques, la commission médico-légale - qui avait validé la première évaluation sans problème - avait toutefois demandé le mois dernier un complément d'information aux auteurs de la contre-expertise.

Selon elle, les deux experts-psychiatres n'avaient notamment pas suffisamment pris en compte la possibilité que Breivik ait ajusté son comportement et ses propos dans le but d'être reconnu pénalement responsable, comme il le souhaite.

Selon les médias, la commission a donc accepté ce complément d'information lundi, tout en demandant aux deux experts de répondre à certaines questions spécifiques lorsqu'ils seront appelés à la barre fin juin.

La question de la santé mentale de Breivik est au centre de son procès.

Même si cela semble lui réserver un sort généralement considéré comme moins enviable --la prison plutôt qu'un établissement psychiatrique--, l'extrémiste tient à être déclaré pénalement responsable pour ne pas voir son idéologie islamophobe être invalidée par un diagnostic.

Le 22 juillet 2011, il avait tué 69 personnes, dont une majorité d'adolescents, en ouvrant le feu sur un camp d'été du Mouvement de la Jeunesse travailliste sur l'île d'Utoya, juste après avoir fait huit autres victimes avec un attentat à la bombe visant le siège du gouvernement à Oslo.

S'il est reconnu pénalement irresponsable, il risque l'internement psychiatrique à vie. Responsable, il encourt 21 ans de prison, une peine qui pourrait être prolongée aussi longtemps qu'il sera jugé dangereux.

Les juges du tribunal d'Oslo devront trancher la question dans leur verdict attendu en juillet.