Une veuve bosnienne, Munira Subasic, qui a assisté mercredi à l'ouverture du procès pour génocide de Ratko Mladic devant le TPIY, a raconté à l'AFP que l'ex-général serbe de Bosnie lui a adressé durant l'audience un geste signifiant «je vais te trancher la gorge».

«À un moment, Mladic a regardé vers le public. Je pense qu'il nous a reconnues, nous les femmes de Srebrenica, et il a alors fait un geste de la main au niveau du cou, signifiant +je vais vous trancher la gorge+», a dit Mme Subasic, présidente de l'association des Mères de Srebrenica, réunissant des femmes ayant perdu leurs proches dans le massacre perpétré dans cette ville de l'est de la Bosnie en juillet 1995 par les forces du général Mladic.

«Moi, alors, je lui ai fait un geste simulant des mains menottées. Il a réagi mais on ne l'entendait pas. Nous nous sommes mises à crier, à lui lancer 'bourreau!', 'boucher!' ou encore 'criminel'«, a raconté Mme Subasic, jointe par téléphone à La Haye.

Une porte-parole du TPIY, Nerma Jelacic, a déclaré à l'agence officielle serbe Tanjug, qu'«il y a eu une communication entre le prévenu et des personnes dans la galerie».

«Mais je ne peux pas confirmer ce qui s'est exactement passé», a-t-elle ajouté.

Mme Subasic a ajouté que le juge a ordonné une pause pour ramener le calme dans la salle d'audience du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).

«Le juge nous a dit de ne pas lui prêter attention. Il a dit à Mladic de se concentrer sur l'inculpation», a poursuivi Munira Subasic, dont le fils, le mari et une vingtaine de membres de sa famille ont été tués à Srebrenica, massacre dont est inculpé Ratko Mladic et qui a déjà été qualifié de génocide par la justice internationale.

Un journaliste de la télévision publique bosnienne FTV qui était sur place et un autre participant à l'audience, ont confirmé l'incident.

«Il a fait un geste du doigt signifiant +je vais vous égorger de nouveau+», a dit à la FTV, Zijo Smajlovic, président de l'ONG bosnienne «Justice, paix et retour».

«C'est un criminel qui ne change pas. On voit ça dans ses yeux. Il ne regrette rien. Mais, Dieu merci, il est incarcéré maintenant et il n'est plus le maître de la mort et de la vie», a encore dit Mme Subasic.

À l'ouverture du procès, l'accusation a affirmé que Mladic, 70 ans, avait «pris en main le nettoyage ethnique de la Bosnie», pendant la guerre de 1992-95, et qu'«il a pleinement participé à une entreprise criminelle qui était en marche». Il encourt la prison à vie.