L'élection présidentielle française est à peine terminée que la classe politique du pays se tourne déjà vers le «troisième tour».

Les élections législatives prévues en juin s'annoncent particulièrement délicates pour l'Union pour un mouvement populaire (UMP), qui doit composer avec le retrait de la vie politique du président sortant, Nicolas Sarkozy.

Son départ pourrait se traduire rapidement par une guerre à la direction du parti, perçue comme un tremplin incontournable vers la présidence.

Le secrétaire général actuel du parti, Jean-François Copé, entend bien conserver le poste, mais doit composer avec les ambitions du premier ministre sortant, François Fillon. L'ex-premier ministre Alain Juppé, qui a dit hier souhaiter la tenue de primaires en 2016 pour choisir le prochain candidat présidentiel de la droite traditionnelle, place aussi ses pions.

M. Copé avait convoqué hier une réunion extraordinaire des ténors de l'UMP pour définir la marche à suivre avant les élections de juin. Un «collectif» regroupant les poids lourds du parti devrait diriger la campagne. Les différents courants idéologiques qui cohabitent au sein de la formation pourront se structurer formellement pour faire entendre leur voix.

Le Pen veut s'imposer

Bien que l'heure soit officiellement à l'unité, des tensions s'expriment déjà quant à l'opportunité de lier des alliances avec le Front national en vue de battre la gauche.

Un député de la Droite populaire, aile dure du parti, a déclaré hier qu'il fallait surmonter les «blocages idéologiques» pour éviter des «triangulaires mortifères» aux élections législatives. Dans ce scrutin à deux tours, le maintien de candidats de l'UMP et de l'extrême droite au second tour pourrait favoriser les candidats de gauche dans plusieurs circonscriptions.

La dirigeante du Front national, Marine Le Pen, forte de son score de 18% au premier tour de l'élection présidentielle, espère mettre la droite traditionnelle en difficulté pour l'affaiblir autant que possible et s'imposer comme «la véritable opposition».

La formation d'extrême droite, qui ne compte aucun député à l'Assemblée nationale, peut difficilement espérer plus qu'une poignée de sièges sans une alliance formelle avec l'UMP, traditionnellement opposée à tout accord de ce type, ou encore des accords locaux.

Vers une cohabitation?

Les principaux collaborateurs du nouveau président français, François Hollande, ont souligné parallèlement hier, au lendemain de sa victoire, qu'il était important pour la gauche d'obtenir une majorité à l'Assemblée nationale.

«Il faut que le président ait les moyens d'agir. Quel serait le sens d'une élection présidentielle qui ensuite aboutirait immédiatement à une cohabitation? Il n'y en aurait aucun», a déclaré le directeur de la campagne du nouveau chef d'État, Pierre Moscovici.

Le Parti socialiste s'est déjà engagé à réserver des circonscriptions sûres pour ses alliés écologistes. Il doit également composer avec le Front de gauche et son candidat présidentiel, Jean-Luc Mélenchon, qui a exclu tout accord avant le vote. Le Parti communiste, qui est membre du Front de gauche, pourrait malgré tout chercher à conclure une entente avec les socialistes avant le scrutin.

Selon un sondage réalisé dimanche soir, l'UMP et le Parti socialiste sont à égalité dans les intentions de vote pour les élections législatives avec près de 30% des voix. Le Front national suit à 18%.

Hollande au travail

Le nouveau président français, François Hollande, a passé la journée d'hier à son quartier général de campagne pour préparer la composition du prochain gouvernement et planifier divers rendez-vous internationaux. L'ancien président du groupe parlementaire socialiste Jean-Marc Ayrault et la première secrétaire de la formation de gauche, Martine Aubry, sont considérés comme les favoris pour occuper la fonction de premier ministre. La passation de pouvoirs officielle du chef d'État sortant, Nicolas Sarkozy, à son successeur doit avoir lieu le 15 mai. Les deux hommes participeront ensemble aujourd'hui à Paris aux cérémonies commémoratives de l'armistice du 8 mai 1945.