Les Serbes votaient dimanche aux élections présidentielles, législatives et locales marquées par le duel entre le camp pro-européen du président sortant, Boris Tadic, et les nationalistes populistes de Tomislav Nikolic, avec en toile de fond une économie en crise.                                

Plus de 6,7 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour décider lequel des deux hommes a réussi à les convaincre de sa capacité de sortir le pays du marasme économique.

A 12h GMT (8h heure de Montréal), soit six heures avant la clôture du vote, le taux de participation était de 31,47%, supérieur de 3% à celui enregistré lors des précédentes élections de 2008, selon la Commission électorale centrale.

Selon les derniers sondages, le Parti démocratique (DS) de Boris Tadic, 54 ans, et le Parti serbe du progrès (SNS, opposition) du conservateur populiste Tomislav Nikolic, 60 ans, sont à égalité avec environ 30% des intentions de vote chacun pour les législatives.

Les deux hommes s'affronteront ensuite au deuxième tour de la présidentielle le 20 mai, que M. Tadic devrait remporter.

Aucune des deux formations ne pourra former seule une nouvelle majorité, et les socialistes de l'actuel ministre de l'Intérieur, Ivica Dacic, vont de nouveau jouer le rôle de faiseurs de rois, comme lors des élections de 2008.

Selon des analystes, le parti de M. Dacic devrait de nouveau soutenir celui de Boris Tadic dans la formation du gouvernement.

Pour la première fois depuis l'éclatement de la Yougoslavie au début des années 1990, les enjeux économiques ont dominé les débats, preuve de la préoccupation générale dans un pays où l'économie devait stagner en 2012 et confronté à un chômage record de 24%.

«Je suis venu tirer ma balle démocratique contre ce régime, en espérant qu'il tombera aujourd'hui», a affirmé Ivan Radakovic, un commerçant quinquagénaire, venu voter de bonne heure à Belgrade, par une journée ensoleillée.

Pour Zivka Jovanovic, «aucun des candidats n'est vraiment bon». «Mais je me suis résignée à voter pour ceux qui sont les moins mauvais», dit cette professeure de chimie à la retraite, sans toutefois dissimuler sa sympathie pour Boris Tadic.

Durant la campagne électorale, M. Tadic, qui a conduit la Serbie, isolée politiquement et économiquement dans les années 1990, au seuil de l'Union européenne, a invité ses compatriotes à décider s'ils voulaient «poursuivre les changements et le développement» en lui accordant un dernier mandat présidentiel de cinq ans.

«Je m'attends à la victoire et à rien d'autre», a déclaré Boris Tadic après avoir voté, tout en renouvelant son «objectif stratégique d'améliorer le niveau de vie» de la population.

Battu par Boris Tadic lors des deux précédents scrutins présidentiels, Tomislav Nikolic, surnommé le «fossoyeur» pour avoir été responsable d'un cimetière à Kragujevac (centre), a capitalisé notamment sur le mécontentement grandissant de la population frappée par la crise économique.

Également confiant dans sa victoire, M. Nikolic a déclaré après avoir voté: «La Serbie va enfin avoir les changements qu'elle attendait, qu'elle espérait tant et qui sont tellement nécessaires».

L'indépendance du Kosovo, proclamée en 2008, et que Belgrade refuse de reconnaître, jadis sujet central durant les campagnes électorales, a été reléguée au second plan.

Au Kosovo, l'élection présidentielle et les législatives sont organisées par l'Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE).

Les bureaux de vote fermeront à 14h, heure de Montréal. Les premiers résultats partiels sont attendus vers 15h30.