Le premier ministre britannique David Cameron a assuré dimanche qu'il n'avait passé «aucun accord» avec Rupert Murdoch, quelques jours après la publication de courriels révélant les liens étroits entre le gouvernement conservateur et le groupe du magnat de la presse.

«Ce que se demandent les gens c'est s'il y a eu un accord, une entente entre moi et Rupert ou James Murdoch, qui aurait consisté à ce qu'en échange de leur soutien pour le parti conservateur, j'aide leurs intérêts (...) Ce n'est pas vrai», a déclaré David Cameron lors d'une interview télévisée sur la BBC.

«Il n'y a eu aucun accord de la sorte», a insisté le premier ministre.

La comparution mardi devant une commission d'enquête publique sur les médias de James Murdoch, le fils du magnat américain, a mis le gouvernement de David Cameron dans l'embarras en révélant des contacts particulièrement nourris entre le groupe de presse et les conseillers du ministre chargé des médias, Jeremy Hunt.

Ce dernier devait se prononcer sur le dossier controversé du rachat total du bouquet satellitaire BSkyB par News Corp., le groupe de Rupert Murdoch. Un projet qui avait finalement été abandonné en juillet 2011, en plein scandale des écoutes téléphoniques au News of the World, tabloïde britannique appartenant également à l'empire Murdoch.

Le premier ministre a toutefois admis avoir discuté lui-même avec James Murdoch du dossier BSkyB au cours d'un dîner de Noël en 2010 chez Rebekah Brooks, ex-directrice générale de la filiale regroupant les journaux britanniques du groupe Murdoch. À l'époque, le gouvernement devait se prononcer sur ce rachat ultrasensible, vu par certains comme une menace au pluralisme des médias.

David Cameron a reconnu qu'il «ferait sans doute les choses différemment» aujourd'hui.

Le premier ministre a indiqué que cette conversation avait porté sur la controverse suscitée par les propos hostiles au groupe Murdoch du ministre du Commerce Vince Cable, alors en charge du dossier BSkyB.

Alors que la révélation mardi des échanges de courriels entre le groupe Murdoch et un proche conseiller du ministre des médias a mis Jeremy Hunt sur la sellette, David Cameron lui a apporté son soutien dimanche, en défendant l'«excellent travail» de son ministre.

Le premier ministre conservateur a reconnu que dans l'ensemble les liens entre les hommes politiques et les journalistes étaient allés trop loin. «Avons-nous été trop proches? Oui», a-t-il dit, appelant à l'établissement d'une «meilleure relation».

Lui-même a admis avoir «cherché le soutien du plus grand nombre possible de journaux et de commentateurs de télévision» alors qu'il était dans l'opposition.

Le Times et le Sun, deux journaux appartenant à Rupert Murdoch, ont pris parti pour les Conservateurs britanniques avant les dernières élections générales de 2010, alors qu'ils avaient soutenu les travaillistes pour les précédentes.