À moins d'une semaine du scrutin, l'actuel maire Boris Johnson et son prédécesseur Ken Livingstone sont presque à égalité dans les intentions de vote aux élections de Londres. Retour sur une course marquée par les larmes de l'un et les sacres de l'autre.

Mercredi soir, à la Methodist Church de Westminster. Un choeur d'enfants chante Lean on Me, façon gospel. La foule ne s'apprête pas à invoquer Dieu. À cette grand-messe électorale, elle réserve ses prières en matière de logement, d'emploi et de sécurité aux candidats à la mairie de Londres, qui se préparent à monter sur la scène du hall.

Chaudement applaudies, les deux vedettes de la campagne s'ignorent pendant toute la durée du débat. Le maire Boris Johnson fait rire l'assemblée avant même d'ouvrir la bouche. Il soupire et lève les yeux pendant que le travailliste Ken Livingstone rappelle la cure d'austérité administrée aux Londoniens par le gouvernement conservateur.

«Nous obligerons les institutions financières à redonner à la communauté plutôt que de se remplir les poches», promet l'ancien trotskiste, plus énergique qu'à la course de 2008, qu'il a perdue après huit années à la mairie.

Le candidat conservateur contre-attaque en faisant valoir son accès à Downing Street. «Je suis mieux placé pour obtenir de l'argent du gouvernement central», dit Boris Johnson, qui connaît le premier ministre David Cameron depuis leurs années au collège privé Eton.

L'argument fait un effet boeuf auprès de spectateurs, mais cette proximité est toutefois à double tranchant. Une série de bourdes à Downing Street et l'arrivée d'une nouvelle récession ont réduit l'avance du conservateur sur Ken Livingstone à deux points de pourcentage, selon la firme YouGov.

»Fucking liar»

Cette chaude lutte ne fait qu'exacerber la haine qu'éprouvent les deux célèbres politiciens l'un pour l'autre. Elle a éclaté au grand jour le 3 avril dernier, à l'issue d'un affrontement radiophonique. Ken Livingstone avait maladroitement suggéré en ondes que Boris Johnson pratiquait autant l'évasion fiscale que lui. L'ancien maire est accusé d'avoir placé ses revenus dans une société qu'il a créée en 2008 afin de profiter d'un taux d'entreprise plus bas.

Devant les deux autres principaux candidats, le libéral démocrate Brian Paddick et la «verte» Jenny Jones, le démon blond a hurlé au visage de Livingstone: «You're a fucking liar!»

Au lendemain de l'altercation, les deux hommes ont publié leurs déclarations de revenus. Résultat? Boris Johnson a payé un taux de 45%, contre 23% pour le vétéran de gauche.

Le maire et son équipe ont poursuivi en mettant en ligne des vidéos diffamatoires qui rappellent l'amitié de Ken Livingstone pour Fidel Castro, son hospitalité pour le djihadiste égyptien Youssef Al-Qaradawi et son travail pour la chaîne télévisée du régime iranien, Press TV.

L'homme de 66 ans s'est montré stoïque devant ces attaques. C'est plutôt sa propre vidéo promotionnelle qui lui a tiré des larmes au dévoilement de son manifeste, ce qui a soulevé les moqueries de ses nombreux détracteurs. Sa promesse-clé est de réduire de 7% les tarifs des transports en commun.

Serré jusqu'à la fin

Qui de Boris Johnson et Ken Livingstone accueillera le monde entier aux Jeux olympiques à l'été? Les experts refusent d'avancer des prédictions. «Ce sera un sprint serré jusqu'à la fin», dit Tony Travers, de la London School of Economics.