Une salle de prière fréquentée par la communauté musulmane d'Ajaccio en Corse, l'île française de Méditerranée, a été en partie détruite dans la nuit de dimanche à lundi par un incendie, un acte qualifié de «raciste» par le ministère de l'Intérieur.

«Le 9 avril 2012 à 2H35, un incendie d'origine criminelle a partiellement détruit une salle de prière fréquentée par la communauté musulmane à Ajaccio. Des inscriptions à caractère raciste ont été découvertes sur la façade de l'immeuble qui abritait ce lieu de culte», selon un communiqué du ministère.

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant «est très attentif à ce que la communauté musulmane ne soit pas stigmatisée et a demandé aux services d'enquête de tout mettre en oeuvre pour identifier rapidement les auteurs de cet acte afin de les mettre à disposition de la justice», selon le texte.

Cette attaque intervient dans un contexte tendu, trois semaines après les assassinats de militaires et d'enfants juifs par un jeune jihadiste français d'origine algérienne: les tueries de Mohamed Merah avaient bouleversé la France et renforcé les thématiques sécuritaires de la campagne électorale pour la présidentielle des 22 avril et 6 mai. Une série d'interpellations très médiatisées se sont succédé ces derniers jours dans les milieux islamistes radicaux.

La communauté musulmane avait mis en garde contre un risque de «stigmatisation» des plus de 4 millions de musulmans vivant en France.

En 2011, 155 actes islamophobes qui ont fait l'objet d'une plainte ont été dénombrés par l'Observatoire contre l'islamophobie en France, soit une augmentation de 34% par rapport à 2010, selon son président Abdallah Zekri.

Parmi eux, 38 concernent des «actions» (attentats, tentatives d'attentats, dégradations) et 117 concernent des gestes menaçants, des insultes ou des inscriptions à caractère raciste.

M. Zekri doit par ailleurs porter plainte jeudi pour une dizaine de lettres de menaces et d'insultes reçues par le Conseil français du culte musulman (organe représentatif des musulmans de France), dont l'Observatoire contre l'islamophobie est une émanation.