La chaîne britannique de télévision Sky News, liée au groupe Murdoch, a admis jeudi avoir «autorisé» à deux reprises et «dans l'intérêt du public» le piratage de courriels, dans le cadre d'une enquête sur une célèbre affaire d'escroquerie remontant aux années 2000.

Dans un communiqué, la chaîne a reconnu avoir «autorisé un journaliste à accéder à la boîte courriel d'individus soupçonnés d'activités illégales». «Ces actions étaient justifiées sur le plan éditorial et dans l'intérêt du public», a-t-elle assuré.

L'affaire évoquée par Sky News date des années 2000: un couple, John et Anne Darwin, avait mis en scène en 2002 la mort du mari dans un accident de canoë-kayak afin de toucher l'assurance vie. La chaîne assure avoir transmis à la police des courriels piratés ayant joué un rôle «essentiel» pour aider la police à prouver la culpabilité du couple en 2008.

Interrogée sur l'importance de ces courriels, une porte-parole de la police a simplement expliqué qu'ils «faisaient partie des preuves présentées» devant la justice dans le cadre de cette affaire d'escroquerie.

Sky News est une chaîne du bouquet satellitaire BSkyB dont le premier actionnaire est News Corp., le groupe qui chapeaute l'empire de Rupert Murdoch. Dans la foulée de l'annonce de Sky News, l'action BSkyB a chuté de 3%, la pire baisse de l'indice Footsie-100 des principales valeurs à la Bourse de Londres enregistrée jeudi.

News Corps. est ébranlé depuis l'été dernier par l'affaire des écoutes pratiquées par son ex-tabloïd britannique News of the World (NotW). James Murdoch, le fils du magnat des médias, présenté un temps comme son successeur, a démissionné mardi de la présidence de BSkyB en assurant qu'il voulait éviter que la compagnie ne soit éclaboussée par le scandale.

Conscient de «l'intérêt accru sur les pratiques éditoriales», Sky News a en outre assuré jeudi avoir commandé une étude «externe des archives de courriels» et un audit des paiements effectués par ses journalistes, dans une allusion à d'éventuels cas de corruption.

Elle affirme que l'étude des courriels, qui touche à sa fin, n'a pas «montré matière à inquiétude». «Si des irrégularités étaient trouvées, nous lancerions immédiatement une enquête», ajoute le communiqué.

Par ailleurs, Simon Cole, qui avait, en tant que directeur de la rédaction de Sky News, autorisé un journaliste à pirater des mails, a annoncé jeudi sa démission da la chaîne de télévision, où il travaillait comme rédacteur en chef.

«J'avais prévu depuis un certain temps de quitter Sky News après 17 ans» passés dans cette entreprise, a déclaré Simon Cole sur son compte Twitter. «Ce n'est pas lié à l'affaire Darwin. Il n'y a pas de lien», a-t-il affirmé.

Rupert Murdoch tente d'éviter que le scandale NotW, qui s'est doublé d'une affaire de corruption de fonctionnaires par des journalistes de son quotidien The Sun en échange d'informations, ne s'étende à l'ensemble de son groupe.

Selon la police, NotW a fait écouter 800 personnes dans les années 2000, personnalités, membres de la famille royale ou citoyens au coeur de l'actualité. Le tabloïde a été contraint à la fermeture en juillet à cause du scandale qui a, en outre, obligé le groupe Murdoch à indemniser plus d'une cinquantaine de victimes.