L'ancien chef des services de renseignement polonais Zbigniew Siemiatkowski a été mis en examen dans le cadre d'une enquête sur l'existence présumée de prisons secrètes de la CIA en Pologne, a rapporté mardi le quotidien polonais Gazeta Wyborcza.

Cité par le journal, M. Siemiatkowski a confirmé son inculpation, sans autres précisions.

«J'ai refusé de déposer devant le parquet et je continuerai de le refuser à toutes les étapes de la procédure, y compris devant le Tribunal», a-t-il déclaré en évoquant pour motif «la sécurité de l'État».

Interrogé par l'AFP, le procureur Piotr Kosmaty, porte-parole du parquet de Cracovie (sud) chargé de l'enquête, a refusé de confirmer ou de démentir cette information.

«L'enquête, que nous considérons comme prioritaire, se déroule sous le sceau du secret d'État et tout le dossier doit rester confidentiel. Je peux seulement vous dire qu'il n'y a eu aucune interpellation dans son cadre», a déclaré M. Kosmaty.

Les autorités polonaises ont toujours rejeté fermement jusqu'ici les affirmations du Conseil de l'Europe et les révélations de médias, notamment américains, selon lesquels des responsables de l'organisation Al-Qaïda avaient été détenus en Pologne par la CIA.

Le parquet polonais avait lancé en août 2008 une enquête sur l'existence présumée de prisons secrètes de la CIA sur le sol polonais.

Le département de la Justice des États-Unis a rejeté en octobre 2009 une demande polonaise d'aide juridique, adressée en mars de la même année, considérant l'affaire comme close.

En octobre 2010, le parquet polonais a toutefois attribué à un détenu de la prison de Guantanamo, Abd al-Rahim al-Nashiri, qui dit avoir subi des tortures dans une prison secrète présumée de la CIA en Pologne, le statut de victime dans cette enquête.

Un autre détenu de Guantanamo, Abu Zubaydah considéré comme un adjoint du chef d'Al-Qaïda Oussama ben Laden, a également demandé une enquête sur son cas en Pologne.

En septembre 2011, le Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe Thomas Hammarberg a de nouveau sommé la Pologne, ainsi que la Roumanie et la Lituanie, de s'expliquer sur l'utilisation sur leur territoire de «sites noirs» par la CIA.