Le président serbe Boris Tadic a déclaré samedi que la campagne de bombardement de l'OTAN qui avait mis fin à l'attaque de son pays contre le Kosovo, il y a 13 ans, était un crime, et il a honoré les centaines de Serbes tués par l'Alliance Atlantique.

De plusieurs façons, le discours du président Tadic reflète un sentiment dominant en Serbie, selon lequel le pays a été injustement vilipendé lors de la Guerre des Balkans, dans les années 1990, et que la campagne de bombardements de 78 jours par les forces de l'OTAN, en 1999, n'avait pas lieu d'être.

Lors d'un discours prononcé dans la ville serbe d'Aleksinac, M. Tadic a affirmé que cette série de frappes aériennes était un crime contre la Serbie et son peuple, et qu'il n'avait rien à ajouter à cela.

Le président se trouvait dans cette municipalité du centre du pays pour une cérémonie de dépôt d'une gerbe de fleurs, l'une des nombres cérémonies publiques organisées samedi en Serbie pour marquer le 13e anniversaire de la campagne de l'OTAN, qui a détruit la majeure partie des infrastructures serbes et mis fin à son contrôle du Kosovo.

Les autorités serbes affirment qu'au moins 2500 personnes ont été tuées dans les attaques de l'OTAN, et 12 000 blessées. Des estimations indépendantes font état d'un nombre beaucoup plus réduit de blessés.

Un monument de verre et de fer rendant hommage aux morts du conflit a été dévoilé samedi à Belgrade, la capitale, malgré les protestations de groupes libéraux et des familles des victimes.

Environ 10 000 personnes ont été tuées au total lors de la Guerre du Kosovo, qui a éclaté lorsque des Albanais désirant obtenir l'indépendance ont déclenché une rébellion contre le pouvoir serbe. La brutalité de la réponse serbe face à la rébellion a incité l'OTAN à entamer sa campagne de bombardements, ce qui a forcé la Serbie à retirer ses troupes du Kosovo, qui a finalement déclaré son indépendance en 2008.

Le défunt leader serbe Slobodan Milosevic, des responsables gouvernementaux, ainsi que de hauts gradés de l'armée et de la police ont été jugés pour crimes de guerre au Kosovo par le Tribunal pénal de l'ONU pour l'ex-Yougoslavie.

Malgré tout, plusieurs Serbes voient encore les événements de 1999 comme une preuve que l'alliance militaire occidentale s'est injustement rangée du côté de leurs ennemis.

Par exemple, les médias serbes ont qualifié samedis d'«agression» les bombardements de l'OTAN, et la télévision d'État a blâmé ces attaques comme étant la cause d'une augmentation du nombre de victimes du cancer dans le pays.

De leur côté, les libéraux ont utilisé ce 13e anniversaire pour affirmer que les politiciens n'avaient fait que trop peu d'efforts pour confronter le passé guerrier de la Serbie, et que cela pourrait menacer la demande d'admission du pays pour entrer dans l'Union européenne.

«Les politiciens n'ont jamais tenté d'expliquer les événements, de dire exactement qui était qui», a déclaré Maja Micic, du groupe Initiative jeunesse pour les droits de la personne.

Mme Micic a critiqué le nouveau monument à Belgrade, affirmant qu'il n'honorait que les gens tués par les forces serbes lors de leurs aventures militaires en Bosnie, en Croatie et au Kosovo au cours des années 1990.