Selon les autorités françaises, Mohamed Merah est un délinquant de droit commun qui s'est converti au djihadisme par un processus «d'autoradicalisation atypique».

Le procureur de Paris, François Molins, a indiqué hier que l'homme de 23 ans avait été condamné une quinzaine de fois comme mineur pour divers délits, dont des actes de violence.

Il se serait rendu, dans les dernières années, par ses propres moyens en Afghanistan sans employer les «filières connues» de recrutement de militants occidentaux. Selon M. Molins, il a été appréhendé lors d'un contrôle routier et remis aux forces américaines qui l'ont renvoyé dans son pays d'origine.

Le jeune Toulousain se serait ensuite rendu en 2011 dans la zone frontalière du Pakistan et de l'Afghanistan pour une période de deux mois avant d'être contraint de rentrer en raison d'une hépatite.

Selon le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, Merah affirme que des représentants de la nébuleuse terroriste Al-Qaïda lui ont alors demandé de mener un attentat suicide en sol français. Il aurait accepté de perpétrer un attentat sans s'enlever la vie.

Ces voyages à l'étranger n'ont pas échappé à l'attention de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), les renseignements intérieurs français, qui le «suivait» depuis plusieurs années au dire de M. Guéant.

L'avocat de Merah, Christian Etelin, a déclaré qu'il était difficile pour lui d'imaginer que son client ait pu commettre les gestes d'une «dureté absolue» qui lui sont reprochés. La chaîne française France 2 a diffusé hier soir une vidéo le montrant tout sourire au volant d'une voiture.

Les enquêteurs ont révélé que plusieurs éléments leur avaient permis de remonter la piste jusqu'au jeune homme, qui se préparait à attaquer d'autres cibles militaires et policières.

L'un des points déterminants de l'enquête a été l'analyse des adresses URL des ordinateurs utilisés par les diverses personnes qui ont écrit au premier militaire tué à Toulouse le 11 mars. Ce dernier avait fait paraître une annonce pour vendre une motocyclette qui aurait attiré l'attention de Merah. Elle a permis de remonter jusqu'à la famille du suspect, qui compterait un militant salafiste parmi ses frères.

Un concessionnaire Yamaha s'est souvenu par ailleurs que le jeune homme l'avait joint récemment pour lui demander comment neutraliser la puce antivol de sa motocyclette.

Plusieurs médias se demandaient hier comment il était possible que les autorités françaises n'aient pu intervenir plus rapidement pour neutraliser le jeune homme alors qu'il était connu des services de renseignement.

Rien n'indiquait que Merah préparait les crimes qu'on lui reproche aujourd'hui, a souligné M. Guéant.