La Grèce est officieusement entrée en campagne électorale pour un scrutin législatif annoncé dimanche dans les prochaines semaines, dont la date reste encore à fixer, mais qui suscite d'ores et déjà des interrogations au sein de la zone euro.

Antonis Samaras, le chef de la Nouvelle Démocratie, qui dispose de trois ministères au sein de la coalition gouvernementale, a déclaré dimanche, lors d'une réunion de son parti, que des élections législatives anticipées auraient lieu en Grèce après la Pâque orthodoxe du 15 avril.

Cependant, il appartient au gouvernement de coalition majoritairement composé de ministres socialistes issus du Pasok de fixer la date de la prochaine consultation.

La position du Pasok sur cette question reste à clarifier et devrait l'être après la désignation, le 18 mars, du nouveau chef du parti. Sauf coup de théâtre, ce sera l'actuel ministre des Finances, Evengelos Venizelos, qui est le seul candidat.

Le gouvernement grec, que dirige l'ancien numéro deux de la Banque centrale européenne, Lucas Papademos, a été mis en place en novembre pour achever l'opération d'effacement d'une partie de la dette grecque et assurer la mise en place du deuxième plan de sauvetage de la zone euro.

«L'échange des titres (prévu dans l'accord sur la restructuration de la dette) sera achevé d'ici au 12 avril et le gouvernement aura terminé sa tâche», avait déclaré vendredi le porte-parole du gouvernement, Pantelis Kapsis.

«Le Parlement doit rester en session pour ratifier (le plan de sauvetage). (...) Vers la fin mars, la tâche sera achevée», avait précisé le porte-parole à la chaîne privée de télévision Skai.

Pour Antonis Samaras, «les objectifs fixés pour ces cinq derniers mois ont été atteints» par l'équipe gouvernementale. M. Samaras a notamment fait référence à l'échange de dette avec les créanciers privés destiné à effacer plus de 100 milliards d'euros de dette grecque et à empêcher un défaut de paiement du pays.

Selon la Constitution grecque, les élections doivent être organisées dans les trente jours suivant la dissolution du Parlement.

L'échéance électorale inquiète certains partenaires de la Grèce, qui souhaiteraient que le gouvernement grec ait plus de temps pour mettre en oeuvre les réformes qu'il a mises sur les rails, et s'interrogent sur leur sort après le scrutin.

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, avait notamment dit en février avoir «de gros doutes» sur le bien-fondé d'élections législatives dès avril. D'autres Européens avaient également exprimé leur inquiétude quant à l'avenir des réformes.

Il y a aussi la crainte au sein de la zone euro que l'ensemble des mesures d'austérité adoptées par les dirigeants grecs incite l'électorat à se tourner vers des formations de gauche plus radicales et hostiles au plan de sauvetage imposé par l'Union européenne et le FMI.

M. Schäuble n'a pas hésité, dimanche, à saluer la «sage» décision prise par l'Italie de ne pas tenir d'élections avant 2013, comme initialement prévues.

«Je pense que la décision de Rome de donner plus de temps à son gouvernement de technocrates est très sage (...). La Grèce est souveraine dans ses décisions (...), mais le pays doit remplir ses obligations en dehors de toute considération électorale», a insisté le ministre dans un entretien à l'hebdomadaire grec To Vima.

Selon de récents sondages, les socialistes devraient subir une lourde défaite aux prochaines élections et pourraient atteindre leur plus faible niveau en 37 ans d'histoire du Pasok.

En revanche, les conservateurs de la Nouvelle démocratie de M. Salamas arrivent en tête dans tous les sondages d'opinion.