Le parti social-démocrate Smer-SD de l'ex-premier ministre Robert Fico a remporté samedi les élections législatives anticipées en Slovaquie avec 39,6 % des voix, mais il aura besoin d'un allié pour gouverner.

Le Smer-SD obtiendrait 75 des 150 sièges au sein du Parlement monocaméral, le reste allant aux partis de droite ou centristes, selon un sondage à la sortie des bureaux de vote.

Deuxième, le parti chrétien-démocrate KDH a obtenu 9,9 % des voix, soit 19 sièges.

«La Slovaquie a besoin d'un gouvernement de coalition fort et stable. J'espère que les résultats officiels vont combler nos attentes», a réagi M. Fico, premier ministre en 2006-2010.

Selon lui, la situation peut désormais déboucher sur deux solutions: soit un gouvernement formé par deux partis, dont le sien, soit une «grande coalition» incluant jusqu'à six partis.

C'est le KDH qui pourrait éventuellement former une coalition gouvernementale avec le Smer-SD, bien qu'ayant été auparavant l'allié du parti de droite SDKU-DS du premier ministre sortant Iveta Radicova.

«La formation du gouvernement va prendre un certain temps. Je suppose que le Smer-SD a gagné les élections en termes de pourcentage et sera ainsi chargé par le président (Ivan Gasparovic) de négocier la formation du gouvernement», a déclaré M. Fico.

Selon lui, une «table ronde» avec la participation de tous les partis entrés au Parlement pourrait bientôt avoir lieu.

Se présentant comme pro-européen et défenseur des avantages sociaux des Slovaques, M. Fico souhaite notamment supprimer la «flat tax» de 19 % appréciée des milieux d'affaires, pour augmenter le taux d'imposition à 25 % pour ceux dont les revenus annuels dépassent 33.000 euros.

Dans ce deuxième pays le plus pauvre de la zone euro, où le chômage frappe 13,7 % de la population active, le Smer-SD a gagné des points en prônant de nouveaux impôts pour les riches.

«La politique économique de M. Fico en tant que premier ministre ne serait pas une politique libérale», a déclaré à l'AFP l'analyste Grigorij Meseznikov de l'Institut des Affaires publiques à Bratislava.

Le Smer-SD et les chrétiens-démocrates ont largement battu le parti SKDU-DS du premier ministre sortant Iveta Radicova, qui n'a obtenu que 8,1 % des voix soit une quinzaine de sièges de députés.

Un scandale de corruption qui avait ébranlé la droite au pouvoir a profité à un nouveau parti «Gens Ordinaires» qui a recueilli 8,8 % des voix (16 sièges).

Les deux autres partis de la coalition sortante, le SaS («Liberté et Solidarité») et le parti de la minorité hongroise Most-Hid, ont obtenu respectivement 7,1 % (13 sièges) et 6,3 % des voix (12 sièges).

Les analystes s'interrogent sur l'avenir des relations slovaco-hongroises, souvent tendues dans le passé. Avant les élections de 2010, M. Fico était allé jusqu'à qualifier la Hongrie de «pays extrémiste qui exporte sa peste brune».

En place depuis juillet 2010, le gouvernement quadripartite sortant d'Iveta Radicova a été mis en échec au Parlement en octobre lors d'un vote sur le renforcement du Fonds de secours de la zone euro (FESF).

«Je regrette beaucoup qu'un premier gouvernement non communiste n'ait pas réussi à mener à bien son programme», a commenté Mme Radicova samedi après-midi.

«Les gens décident aujourd'hui (...) de la définition de nouvelles règles de confiance», a-t-elle ajouté, en allusion à une affaire de corruption présumée éclatée en décembre qui a frappé surtout la droite.

«Smer est le premier vainqueur de ces élections, mais les grands gagnants sont aussi les chrétiens-démocrates et le parti de la minorité hongroise Most-Hid parce que la future coalition va dépendre d'eux», a commenté Marian Lesko, une analyste du magazine Trend business.