Des centaines d'avocats, de scientifiques et de survivants du naufrage du Costa Concordia sont attendus samedi à Grosseto en Toscane pour une première audience destinée à examiner les preuves du procès de cette tragédie qui a fait 32 morts le 13 janvier sur l'île italienne du Giglio.                

Certains des neuf employés de la compagnie Costa poursuivis dans le cadre de l'enquête devraient être présents lors de cette audience avant tout procédurale, mais pas le commandant Francesco Schettino. Assigné à résidence et figure emblématique de ce drame, celui que la presse surnomme «le capitaine-poltron» est «inquiet pour sa sécurité», a expliqué l'un de ses avocats.

Pour accueillir cette foule, le théâtre de Grosseto a été réquisitionné, alors que la ville toscane, dont dépend la petite île du Giglio, sera envahie par des médias du monde entier.

Cette audience mettra en présence le parquet, la défense et les représentants des parties civiles ainsi que des experts qui décideront ensemble quels types d'analyses doivent être menées sur les instruments de bord, notamment la boîte noire.

«Nous essayerons de déterminer ce qui n'a pas fonctionné aussi rapidement que possible», explique à l'AFP Bruno Neri, professeur d'électronique à l'Université de Pise, qui sera lui-même présent en tant qu'expert pour le compte de l'association de consommateurs Codacons.

«Nous voulons nous assurer que tous les instruments de bord fonctionnaient correctement», ajoute-t-il, alors que Schettino fonde en partie sa défense sur l'absence de fiabilité de certains instruments.

Le parquet de son côté souhaite une analyse détaillée des minutes durant lesquelles le commandant a réalisé que le Concordia ne répondait plus aux commandes, afin de pouvoir déterminer s'il a ordonné trop tard l'évacuation du navire.

Cette audience, à huis clos et interdite aux médias, ne devrait pas apporter de révélations fracassantes, mais elle constituera une sorte de répétition avant le procès proprement dit.

Trois dirigeants de Costa, dont Manfred Ursprunger, vice-président exécutif, et Roberto Ferrarini, chef de l'unité de crise de la compagnie, sont poursuivis pour homicide par imprudence, naufrage et défaut de communication aux autorités maritimes.

Un coup dur pour Costa, le plus grand croisiériste européen basé à Gênes dans le nord de l'Italie, dont la réputation déjà écornée a encore pris un coup après la croisière-calvaire du Costa Allegra qui s'est achevée aux Seychelles suite à un incendie. Costa appartient au géant américain Carnival.

Outre Schettino, également accusé d'abandon de navire, cinq membres de l'équipage, dont son second Ciro Ambrosio, font l'objet de poursuites. Pour se défendre, le commandant affirme qu'il est tombé dans une chaloupe et n'a pas pu remonter à bord.

Bien qu'il ait admis avoir fait une erreur lors de l'impact initial, il a affirmé aux enquêteurs avoir sauvé des milliers de vies en effectuant une manoeuvre qui a permis de rapprocher le navire de la côte.

Le Costa Concordia transportait 4229 personnes, dont 3200 touristes de 60 nationalités différentes et un millier de membres d'équipage, lorsqu'il a heurté un rocher. La catastrophe a fait 32 morts, dont 25 ont été retrouvés et sept sont encore portés disparus.

Plusieurs collectifs de naufragés se sont créés et des plaintes ont été déposées en Italie, en France et aux États-Unis contre Costa Crociere.

Costa et un groupement d'associations de consommateurs italiens ont prolongé jusqu'au 31 mars le délai pour les passagers souhaitant adhérer à un accord d'indemnisation conclu fin janvier, prévoyant 11 000 euros (environ 14 350 $) par personne pour le naufrage, plus les frais (prix de la croisière, éventuels frais de transport ou médicaux).

Aux États-Unis, 39 passagers réclament à Carnival 520 millions de dollars de dommages et intérêts.

Vendredi, La Stampa a révélé que le capitaine Schettino avait déjà provoqué un accident en 2010 en faisant entrer à trop vive allure dans un port allemand le paquebot qu'il dirigeait à l'époque, le Costa Atlantica.